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Bonne année! • Réouverture le 14/01 • FacLab fermé le 21/01 jusqu’à 16h30 et le 28/01, le 4 et 11/02 • Pensez à consulter régulièrement l’agenda du lab, d’autres fermetures partielles sont à venir.

L’année 2009 marque un tournant décisif dans l’histoire de l’impression 3D avec l’expiration du brevet de la technologie FDM (Fused Deposition Modeling). Suite à cela des entreprises et des communautés open-source développent des imprimantes 3D à moindre coût, notamment dans le cadre du projet RepRap. C’est alors qu’en 2010 alors qu’il est en séjour au État-Unis qu’Olivier Dalechamps salarié à Planète Sciences décide de ramener des kits Reprap pour son utilisation personnelle. Très vite il acquière les compétences nécessaires pour monter et faire fonctionner parfaitement ses kits. Pendant des mois, il reste dans son coin à bricoler et c’est ainsi qu’une vraie passion pour l’impression 3d naît en lui. Au début de l’année de 2012, de plus en plus de personnes sont intéressées par l’impression 3d et c’est alors qu’Olivier décide de ramener les imprimantes qu’il a monté chez lui à Planète Sciences.

Ce simple geste marque le début d’une aventure collective. Grâce au bouche-à-oreille, de petites équipes de deux ou trois personnes se rassemblent régulièrement pour assembler leurs propres imprimantes à partir de kits RepRap. Les procédés de fabrication sont encore artisanaux : les plateaux chauffants sont improvisés à partir de plaques et de résistances fixées avec des fils chauffants. À cette époque, les imprimantes fonctionnent avec deux types principaux de plastique : le PLA, connu pour sa rigidité et sa simplicité d’usage, et l’ABS, plus résistant mais également plus exigeant à manipuler. De fil en aiguille de plus en plus de personnes se joignaient à Planète Sciences parce qu’ils avaient entendu dire que c’était là qu’ils pourraient monter leurs imprimante 3D. Très vite, ce rendez-vous est devenu un point de ralliement pour les amateurs de fabrication numérique. Les gens qui venaient étaient guidées par une communauté de makers, passionnés et solidaires, prêts à partager leurs connaissances et à aider les nouveaux venus.

Ce mouvement a non seulement permis de démocratiser l’accès à l’impression 3D, mais aussi de renforcer l’esprit de collaboration et d’apprentissage collectif, des valeurs chères à Planète Sciences.

L’histoire des RepRap à Planète Sciences est un exemple de la manière dont une passion individuelle peut se transformer en un projet collectif porteur de changements. Elle illustre aussi comment les technologies open-source, alliées à l’esprit de partage, peuvent révolutionner l’accès à des outils autrefois inaccessibles, tout en renforçant les liens humains dans un monde de plus en plus numérique.

Dramane ANOUVIET,
apprenante du Diplôme Universitaire Fabmanager, technique de facilitation et de fabrication numérique, promo #15.

Dans le cadre du Diplôme Universitaire Fabmanager, j’ai eu à proposer un temps d’animation pour la communauté du Faclab.

Ainsi, au mois de novembre, les odeurs et les saveurs ont envahi le Faclab le temps d’un atelier Chocolat avec la communauté.

La préparation de cet atelier a nourri quelques échanges sur la place du chocolat dans un Fablab… On pourrait faire des moules !

Oui, pour les moules, mais ensuite il faut « mettre le chocolat au point » et là, c’est un métier…

Je me suis donc posée cette question :

Quelles relations pourraient exister entre un fablab et un chocolatier ?

Gravure laser sur tablette de chocolat

Je me suis lancée dans quelques expérimentations de gravure sur une tablette de chocolat.

Voilà de quoi personnaliser une tablette à offrir ! Différents réglages avant d’arriver à une gravure qui ne carbonise pas le chocolat, avec une puissance à 60 % et une vitesse à 60 %, le résultat obtenu est plutôt satisfaisant.

Alors certes, je déconseille la consommation d’une tablette gravée dans une découpeuse laser qui a passé sa journée à couper du bois, du cuir et du plexi, mais si un chocolatier veut se lancer sur ce secteur, il peut venir développer son expertise dans un fablab et acquérir ensuite une petite découpeuse laser consacrée uniquement au chocolat, de plus, pas de fumées toxiques, donc pas de problème d’extraction.

Fabrication de moules de chocolats

  1. Le fablab peut accompagner le chocolatier pour modéliser son moule avec des logiciels de modélisation 3D pour en définir le design.
  2. Prototyper le positif du moule avec une imprimante 3D, voir si le résultat correspond aux attentes, calibrer par rapport aux emballages, aux espaces de vente… Une question se pose déjà… quelle imprimante? Nous avons simplement commencé avec une imprimante à dépôt de fil fondu avec du PLA. Les positifs ont été plutôt satisfaisants. Les trous ont été faits pour permettre à la feuille plastique de se plaquer au mieux au modèle dans la thermoformeuse pour reproduire les petits détails.
    « Pourquoi ne pas faire les négatifs directement en imprimante 3D me direz-vous ?» Au départ c’est ce que nous avons fait pour valider le design de la tablette ou médaillon de chocolat.

    Mais cette solution n’est pas viable car bien que certains filaments soient reconnus aptes au contact alimentaire, la vraie difficulté réside dans la porosité des pièces imprimées en 3D et donc dans l’impossibilité de les nettoyer convenablement après utilisation pour garantir les normes d’hygiène alimentaire, le moule serait donc destiné à un usage unique. Une solution à conserver si tel est l’objectif pour une série unique par exemple. Le négatif peut être nécessaire pour calibrer le design de la tablette. Comme ci-contre. Pour en savoir plus sur la question du contact alimentaire avec les impressions 3D, je vous conseille cet article très complet : https://formlabs.com/fr/blog/guide-impression-3d-alimentaire/
  3. Thermoformer les moules
    L’utilisation de la thermoformeuse a posé plusieurs questions : déjà il a fallu trouver des feuilles plastiques adaptées au contact alimentaire. Ensuite tester quelle épaisseur de feuille pour le bon usage des moules? Nous avons testé trois épaisseurs :
    • 0,1mm est beaucoup trop fin et donc trop souple à manipuler ;
    • 0,5mm convient mais est assez fin et donc fragile dans l’utilisation, il faut alors prévoir de pouvoir en refaire régulièrement dans le cas d’une utilisation répétée ;
    • 1mm est beaucoup plus résistant, subit moins de déformation dans la manipulation. Cependant, nous avons rencontré une difficulté lors du thermoformage avec ces feuilles : les positifs en PLA se sont déformés, probablement dû à l’inertie de la chaleur des feuilles plus épaisses.

Pour pallier à cela et pour pouvoir miser sur des feuilles de 1mm, nous allons faire les prochains positifs en impression résine.

Effectivement la possibilité de fabriquer des moules sur mesure est un atout certain pour l’artisan chocolatier, plusieurs utilisent déjà une thermoformeuse en utilisant des objets du quotidien pour obtenir des moules thématiques.

Notez, pour les fablabs qui intègrent une activité de prestation dans leur fonctionnement économique, voilà une offre qui peut séduire un artisan chocolatier qui n’a pas nécessairement le besoin et pas les moyens d’investir dans les solutions proposées aujourd’hui par les industriels. Ceux-ci fabriquent des moules professionnels personnalisés dans des quantités ou à des prix inadaptés à un petit artisan qui peine à se distinguer par des produits uniques et doit se contenter des moules commercialisés et dont les modèles se retrouvent ainsi chez beaucoup de leurs concurrents.

Personnalisation des boîtages

Une autre application possible dans les fablabs est de personnaliser les boîtages, une application particulièrement coûteuse pour des artisans qui n’ont pas besoin de gros volumes de boîtes.

Le fablab peut donc représenter une opportunité intéressante voire offrir la possibilité d’un marquage personnalisé au client dans le cadre d’un événement spécial.

Ici, des boites à chocolat en bois, gravées à la découpeuse laser.

Autres applications possibles

  • Utiliser la brodeuse numérique pour la personnalisation des vêtements professionnels : tablier, veste de pâtissier, toque… ou peut-être en flocage pour certaines pièces.
  • Utiliser le plotter de découpe pour de la vitrophanie, préparer des éléments pour la vitrine ou la signalétique du commerce.
  • Utiliser le plotter de découpe ou la découpe laser pour prototyper des éléments de boîtages spécifiques à un produit, voire réaliser de la petite production pour une série limitée sur des découpes de carton fin par exemple.
  • Faire appel au parc machines pour de la petite réparation sur les appareils et équipements professionnels : un pied de robot, un manche de râpe, un coin de meuble, un bouton de caisse enregistreuse…

Cette offre peut aussi être proposée par les fablabs qui font de la prestation de service car le chocolatier trop occupé ne prendra pas le temps de la réparation mais se saisira volontiers de la proposition qui lui permettra de prolonger la vie de son matériel sans avoir à chercher le bon réparateur…

Cette réflexion sur les fablabs et les chocolatiers pourrait se poser plus largement et conduire à des réponses communes : Quelles relations entre un fablab et un artisan ?

Anne LOUVARD, apprenante du Diplôme Universitaire Fabmanager, technique de facilitation et de fabrication numérique, promo #15.

avec Doodle3D et Cura by Dagoma

Pour faire de l’impression 3D, il y a 3 étapes que j’ai souhaité simplifier au maximum, tout en assurant une réelle initiation à toutes les étapes de l’impression 3D qu’on retrouve dans un fablab ; voici le parcours que j’ai retenu :

1 – Modéliser en 3D2 – Slicer le modèle 3D3 – Imprimer
Doodle3D Transform, en ligne https://doodle3d.com/
Cura by Dagoma https://www.dagoma3d.com/
Imprimante 3D Sigma de Dagoma.

Doodle3D Transform

Doodle3D Transform est une application en ligne, gratuite et open source, créée entre 2015 et 2017.

La simplicité d’utilisation de cet outil permet une prise en main extrêmement rapide et intuitive qui développe une autonomie de conception quasi instantanée.

L’interface est construite sur un écran divisé en deux parties :


à gauche : un espace feuille de dessin qui permet « d’esquisser » en 2D avec quelques outils simples d’accès.à droite : le plateau d’impression pour agir sur la troisième dimension de son dessin transformé en 3D.

Après une petite prise en main des outils, et quelques réalisations simples, on découvre qu’on peut aller un peu plus loin dans le logiciel et faire intervenir les logiques de construction 3D comme l’extrusion, le perçage, l’assemblage…

Voici quelques tutos proposés par les développeurs : https://vimeo.com/doodle3d

Pour permettre à chacun d’imprimer quelques créations lors de l’atelier, je donne pour limite de ne pas dépasser 3mm… vient ensuite le temps des négociations au cas pas cas 😉

L’atout de ce logiciel est que quiconque peut ressortir d’un premier atelier d’initiation à l’impression 3D avec un, voire plusieurs objets « c’est moi qui l’ai fait ! ».

Cura by Dagoma

Cura by Dagoma, est une version simplifiée du slicer Cura, destinée à fonctionner avec toutes les imprimantes Dagoma.

Le fichier en STL exporté depuis Doodle3D est ouvert dans Cura by Dagoma pour en préparer l’impression.

Les réglages peuvent commencer :

  • Le remplissage : 3 options uniquement (0 %, 17 % et 33%)
  • La qualité d’impression : 3 options (0,20mm, 0,15mm, 0,10mm)
  • L’option de support
  • et enfin l’amélioration de la surface d’impression avec la jupe, la bordure et le radeau. Et c’est tout !

Pas de quoi se perdre.

Un dernier défi pour permettre à tous d’imprimer pendant la séance : « ne pas dépasser 10 minutes d’impression ! »

C’est le moment de jouer sur les paramètres d’impression et de redimensionnement et, étonnamment, ils comprennent très vite comment arriver à optimiser les réglages pour avoir la pièce la plus grande possible avec le moins de temps d’impression !

Un temps facile à voir car le logiciel slice automatiquement à chaque modification d’option et affiche immédiatement le temps d’impression ainsi que la quantité de fil et le coût correspondant, de quoi rendre bien conscient du consommable utilisé en fonction des différents réglages.

On veut aller plus loin, on peut programmer une pause pour changer la couleur de fil : WOUAH !

Imprimante Sigma – Dagoma

On finit ce parcours simplifié par l’utilisation d’une imprimante simplifiée : une carte SD et un seul bouton sur lequel appuyer !

Dès la première fois, un débutant peut insérer sa carte et lancer son impression.

Un seul risque : rester appuyer trop longtemps sur le bouton et provoquer le retrait du fil… l’occasion d’apprendre à le charger ensuite !

Voilà un parcours dont je suis particulièrement satisfaite qui me permet de travailler avec des jeunes collégiens, dès 10-11 ans, qui deviennent très vite autonomes, mais également avec des groupes hétérogènes, ados et adultes.

Observation : après 4 séances avec des groupes différents, j’ai rencontré des jeunes ou des adultes qui ont demandé à aller plus loin dès la première séance.

Je leur ai proposé de travailler sur Tinkercad et l’appropriation s’est faite sans aucune difficulté après quelques explications très sommaires sur les notions de solide, perçage et regroupement. Ci-dessus un dé conçu par un jeune de 12 ans, dès la première séance.

Voilà de quoi bien débuter, prendre confiance et progresser vers des logiciels plus complexes, tranquillement.

L’impression 3D n’a jamais été aussi proche d’être « un jeu d’enfant », tout en exécutant toutes les étapes, « comme un pro »!

Anne LOUVARD, apprenante du Diplôme Universitaire Fabmanager, technique de facilitation et de fabrication numérique, promo #15.

Le dérèglement climatique et l’épuisement programmé des ressources naturelles traversent les fablabs au même titre que toute la société. Dans quelle mesure le développement des fablabs est compatible avec les objectifs de réduction de gaz à effets de serre fixés par l’Accord de Paris ? En quoi les fablabs peuvent être acteurs de la transition écologique ? L’article suivant tente d’esquisser quelques pistes.

Réduire l’empreinte environnementale du lieu

Les fablabs, comme toutes autres structures, peuvent mettre en place des bonnes pratiques de gestion de leur lieu, afin de réduire leur impact environnemental.

Optimiser l’utilisation des ressources et de l’énergie

L’impact environnemental le plus conséquent d’un bâtiment se situe au moment de sa construction : la quantité d’énergie nécessaire, les matériaux, le transport… De ce point de vue, le modèle de nombre de fablabs, comme de nombreux tiers-lieux, est vertueux : le fait d’investir ou de réinvestir des friches, des anciens bâtiments industriels, des locaux inutilisés, permet de réduire très fortement l’empreinte carbone du lieu sur l’ensemble de son cycle de vie. Le fait d’occuper des bâtiments existants permet aussi de limiter le phénomène dit d’“artificialisation des sols”. Quand bien même ces bâtiments sont souvent moins bien isolés que des bâtiments neufs et vont donc nécessiter plus de fluides pour être chauffés ou climatisés, la “facture” énergétique globale du bâtiment restera forcément moindre que sur un bâtiment neuf.

Cycle de vie du bâtiment – source : XPair

En parallèle de cela, un effort particulier peut être mené pour limiter l’utilisation des ressources telles que l’eau, l’électricité et, surtout, le gaz (pour le chauffage). Le gaz étant une énergie fossile fortement émettrice de gaz à effet de serre. Il existe de ce point de vue plusieurs leviers d’action : limiter les températures de chauffe à 19°C, sensibiliser les utilisateurs à une consommation raisonnable des ressources à disposition (mise en veille des ordinateurs et extinction des machines après usage, extinction automatique des éclairages, installation d’éclairages LED…).

Améliorer le tri des déchets et la gestion du recyclage

Autre aspect crucial de la réduction de l’impact écologique des fablabs : la gestion des déchets. Tout d’abord, au même titre que tout autre lieu tertiaire, il est pertinent de mettre en place un tri des déchets avec des poubelles de déchets ménagers et de recyclables séparés. Bien souvent, les sociétés prestataires de ménage ne respectent pas ce tri. La gestion des déchets recyclables revenant alors aux utilisateurs. Il faudra par ailleurs sensibiliser continuellement les utilisateurs du lieu au respect des règles de tri. Un compostage ou lombricompostage peut aussi être mis en place quand les espaces le permettent.

Les fablabs génèrent par ailleurs une grande variété de déchets “spécifiques”, allant des restes de matériaux (plastiques, bois, métaux, etc.) aux produits électroniques usagés. Pour limiter leur empreinte écologique, les fablabs doivent mettre en place un système de tri sélectif précis.

Enfin, l’achat de nouvelles machines (imprimantes 3D, traceuses…) a un coût environnemental significatif, notamment en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Comme pour le bâtiment, la grande majorité de l’empreinte carbone d’une machine provient de sa fabrication. C’est pour cette raison que, pour prendre un exemple issu d’un autre domaine, l’achat d’une yaourtière neuve s’avère contre-productif si l’objectif est de produire moins de déchets : la quantité de matières et d’énergie grise nécessaire à sa fabrication dépassera très certainement la quantité de pots de yaourts non jetés à la poubelle grâce à elle. La culture de récupération et de réemploi des machines est donc un vrai atout pour limiter l’impact environnemental des fablabs.

Le réemploi des matériaux

Par ailleurs, le meilleur déchet est toujours celui que l’on ne produit pas. Il faudra donc favoriser autant que possible la récupération de matériaux (réutilisation des chutes de bois, recherche de filières et d’entreprises acceptant de donner leurs surplus et leurs chutes…). Le fablab La Verrière (Montreuil) a beaucoup travaillé sur ce sujet :

Source : https://fablab-laverriere.org/rd-materiaux/

Ce réemploi pourra être utilisé pour la construction de meubles, la fabrication de prototypes ou encore la réalisation de petits objets. Cette approche participant ainsi de l’économie circulaire.

Les fablabs comme lieux d’éducation et de sensibilisation

Ateliers de réparation et de réemploi

Au-delà des seules bonnes pratiques qui pourront être adoptées dans la gestion du lieu, les fablabs peuvent jouer un rôle fondamental en matière de sensibilisation aux enjeux écologiques. En tant que lieux d’éducation, ils offrent un cadre idéal pour organiser des ateliers sur la réparation, le réemploi et le zéro déchet.

Les Repair Cafés, Vélos, Couture, où les participants peuvent venir réparer leurs objets font partie de ces initiatives qui contribuent à réduire la consommation de biens neufs et à promouvoir la durabilité.

Les fablabs peuvent aussi organiser des ateliers autour du zéro déchet (ateliers de création de Bee wraps, de produits cosmétiques maison…), des fresques du climat, des fresques du numérique… Et, globalement, questionner toutes nos pratiques de consommation.

Encourager la réparation au lieu de la consommation

Enfin, lapalissade, les fablabs sont par essence des lieux où l’on réemploie et l’on répare. Que ce soit pour réparer des meubles, des appareils électroniques, du textile. Un meilleur maillage du territoire et une meilleure identification des fablabs auprès du grand public permettrait d’avoir un impact environnemental plus significatif.

Attention à l’effet rebond

Cependant, il est important de souligner un phénomène auquel les fablabs n’échappent pas : l’effet rebond. L’introduction d’une nouvelle technologie ou d’un nouveau service conduit souvent à une augmentation de la consommation énergétique même s’il était pensé en amont comme une opportunité d’un point de vue environnemental. Un exemple simple ? Le vélo électrique. Il constitue en soi une formidable opportunité pour les consommateurs de remplacer l’achat ou l’utilisation d’un véhicule thermique par un mode de déplacement plus économe en énergie. C’est le choix fait par de nombreux utilisateurs. Le souci est que la démocratisation du vélo électrique s’est aussi faite avec le remplacement de trajets en vélo classique par des trajets en vélo électrique. Dans ce cas, l’impact de cette transformation est donc négatif en termes d’émission de G.E.S.

Dans le cas des fablabs, le développement de la culture de la réparation se fait parfois, dans certains lieux, en parallèle d’une pratique de consommation accrue. Les fablabs sont en effet, eux aussi, émetteurs de gaz à effet de serre et peuvent favoriser une certaine forme de consommation.

Conclusion

Les fablabs jouent donc un rôle important dans la transition écologique, non seulement en adoptant des pratiques internes de réduction de leur impact environnemental, mais aussi en sensibilisant le public aux enjeux du dérèglement climatique. En favorisant la réparation, le réemploi et le recyclage. Toutefois, il est essentiel de prendre en compte l’effet rebond généré par la consommation de nouvelles ressources et de veiller à ce que la démocratisation de l’accès à la fabrication ne contribue pas paradoxalement à augmenter la consommation et la production de déchets.

–> Pour aller plus loin, consulter Le guide des pratiques écologiques dans les labs réalisé par RFFlabs

Simon LEBRETTE
apprenant du Diplôme Universitaire Fabmanager, technique de facilitation et de fabrication numérique, promo #15

L’éloge du carburateur de Matthew B. Crawford est sans doute l’équivalent pour les makers de ce qu’est « la recherche” de Marcel Proust pour les chercheurs en littérature : le livre dont on doit savoir parler sans nécessairement l’avoir lu.

Pourquoi donc s’imposer cela…

L’Eloge du carburateur fait partie des très nombreux livres qui traînent dans mes étagères depuis de nombreuses années sans que je ne les ai encore lus. J’ai en effet pour habitude d’acheter périodiquement de très nombreux livres et de n’en lire qu’une infime proportion. Alors, pourquoi lire ce livre aujourd’hui ? Pour des raisons d’utilité professionnelle, certes. Mais aussi parce que je suis beaucoup plus habité depuis quelques années par la nécessité de donner du sens à ce que je fais et de vérifier que ce qui m’occupe professionnellement est en phase avec des valeurs que je sais nommer.

Pour commencer cette lecture, il fallait d’abord que je dépasse une certaine réticence de ma part : j’observe toujours avec un regard narquois ces nouveaux artisans, nouveaux agriculteurs, que l’on nous montre régulièrement dans les journaux télévisés. C’est d’ailleurs devenu un jeu : j’attends avec impatience et gourmandise le moment où l’interview de tel potier nouvellement installé dans le Luberon nous révèlera qu’il a choisi de quitter son poste dans la finance pour retrouver le goût des vraies choses. En commençant la lecture d’Eloge du carburateur, j’ai oublié rapidement mes réserves face à l’acuité des constats posés par Matthew B. Crawford et l’intelligence de son propos. Et pourtant, Matthew B. Crawford semblait correspondre parfaitement au profil si l’on en croit le résumé proposé par l’éditeur sur la quatrième de couverture : “Matthew B. Crawford était un brillant universitaire, bien payé pour travailler dans un think tank à Washington. Au bout de quelques mois, déprimé, il démissionne pour ouvrir… un atelier de réparation de motos”. En lisant le livre, on découvre rapidement que, certes, l’auteur se destinait à l’autoroute du système capitalistique mais que, dès ses plus jeunes années, il a dû cumuler divers emplois (d’électricien notamment) et des études en parallèle.

Tout le propos de l’auteur est, à partir du récit de sa propre expérience, de : questionner le sens et la valeur du travail ; et le relatif dédain que l’on a à l’égard des métiers manuels et à ceux qui les exercent. Il cherche par ailleurs à démontrer en quoi, dans une société de la consommation où l’on achète, jette et remplace, le fait de garder un contact avec le monde matériel reste plus que jamais une nécessité.

Pourquoi différencier faire et penser ?

Une première partie de l’ouvrage cherche les origines du relatif mépris que l’on observe depuis le XXème siècle à l’égard des métiers manuels. Crawford cite notamment The mind at work de Mike Rose “Nos éloges du travail manuel renvoient le plus souvent aux valeurs qu’il est censé incarner et non pas à l’effort de pensée qu’il requiert”.

Du point de vue de Crawford, cette vision résulte d’un effort délibéré du système capitaliste, qui s’est mis en place de manière progressive dans le système éducatif américain et dans les entreprises. Le taylorisme et le fordisme, en segmentant les opérations d’une chaîne de production, ont permis certes de gagner en productivité, mais ils ont eu aussi pour conséquence (voire pour raisons selon l’auteur) de démettre l’ouvrier de toute autonomie et de toute possibilité de penser et de développer des compétences. Le management scientifique a en effet pour but d’opérer une quasi-robotisation des ouvriers dont les tâches très limitées requièrent peu de compétences et donnent très peu de libertés. Tout le pouvoir étant transféré aux employeurs chargés de mettre en place les procédures et de s’assurer qu’elles sont respectées à la lettre. Cette nouvelle manière de travailler retire donc toute richesse cognitive au travail qui est réalisé. Selon l’auteur, ce processus, d’abord à l’œuvre dans l’industrie, s’est étendu par la suite au tertiaire et le développement de l’IA (que n’évoque pas l’auteur du fait de la date de publication de l’ouvrage) ne fera que parfaire ce processus.

Pourquoi les makers voient ce livre comme un très beau miroir ?

Au-delà des considérations sur ce que le capitalisme fait au monde du travail, le carburateur est très inspirant pour toute personne qui découvre le monde des makers. Crawford détaille au fil des pages des valeurs très structurantes pour les labs. On y retrouve notamment la “sainte trinité” des fablabs : l’utilité de l’apprentissage de pair à pair, par essais/erreurs et, évidemment, par le faire. Il détaille avec brio toute la richesse cognitive qu’implique une tâche manuelle et les nombreuses vertus morales qu’elle présente.

Tout d’abord, il souligne la perte de prise avec le monde réel qu’implique le développement croissant des “nouvelles technologies”. Or, selon lui, accomplir une tâche manuelle complexe, c’est une manière parfaite de sortir de soi-même et d’être présent au monde. Il faut observer, être recentré sur sa tâche, analyser et in fine agir.

Accomplir une tâche manuelle, c’est aussi une manière parfaite de critiquer le rapport au temps dans nos sociétés contemporaines. Paradoxalement, dans les sociétés occidentales, nous n’avons jamais disposé d’autant temps libre et nous avons pourtant le sentiment que celui-ci nous manque continuellement. Or, prendre le temps de réparer, c’est selon lui, une manière parmi d’autres de faire un pied de nez à ce sentiment d’urgence. C’est faire un choix qui n’est pas porté par un paradigme d’efficacité mais plutôt par celui de se donner du temps, de ralentir et, accessoirement, c’est souvent choisir une option plus écologique qu’un simple rachat de matériel.

Crawford est aussi critique à propos de la complexification constante du monde. Nous sommes de plus en plus entourés de technologies dont nous ne comprenons même pas les maillons essentiels. C’est par exemple le cas de la mécanique quantique. Et, à côté de cela, les industriels déploient des efforts constants pour rendre les interfaces qui nous mettent en contact avec ces machines ergonomiques et intuitives. Crawford, que l’on pourra peut-être qualifier d’esprit chagrin, considère face à cela “ que l’interface informatique ajoute une couche d’abstraction supplémentaire en dissimulant la logique humaine du programme qui régit le logiciel”. “L’interface […] prétend garantir le minimum de friction psychique entre l’intention de l’usager et sa réalisation”. Or, selon l’auteur, c’est justement ce type de résistance qui aiguise la conscience de la réalité. Le podcast Le code a changé de Xavier Delaporte avait dédié un épisode à ce sujet suite à la parution du livre Eloge du bug du philosophe Marcello Vitali Rosati.

Voici, parmi d’autres réflexions toutes aussi passionnantes, une partie des apports que la lecture de ce livre brillant pourra apporter à son lecteur.

Simon LEBRETTE
apprenant du Diplôme Universitaire Fabmanager, technique de facilitation et de fabrication numérique, promo #15

Voilà une de ces expériences qui ne laissent pas indifférent ! Visiter un Lab… bien que chacun soit différent, on y retrouve beaucoup de points communs et rapidement on identifie bien chaque espace. Mais à l’Electrolab, on passe à une autre échelle… c’est WOW !

J’ai visité le lieu un mardi soir, accueillie chaleureusement et guidée par Cécile, chargée de la communauté. Elle nous a fait découvrir les espaces et les recoins, les machines et les composants en veux-tu en voilà… avec passion et enthousiasme. Deux heures, parce qu’il faut au moins ça pour faire le tour du propriétaire, pour seulement appréhender du regard la richesse de ce site, découpé en plusieurs zones (https://www.electrolab.fr/le-lab/les-zones/), ici la zone « projets ».

À l’Electrolab, se cotoient la modernité et l’innovation avec les antiquités et les dinosaures industriels, mais aussi le gigantisme de certaines machines et le miniaturisme des composants électroniques stockés dans des quantités à en perdre la raison dans des tiroirs et des placards à n’en plus finir.

On touche du doigt l’héritage d’un patrimoine tant dans le matériel mis à disposition que dans la connaissance que tous les membres sont prêts à partager… mais surtout l’effervescence de la création et de l’ouvrage en cours qui suscite la curiosité du visiteur qui, comme moi, voudrait bien savoir ce que cela va devenir !

Après deux heures de visite « consistante », j’en ai eu tellement plein les yeux qu’il m’a fallu 2-3 jours pour digérer tout cela. Et même si j’y ai réellement ressenti une forme de vertige dû à la quantité, je reconnais que ce vertige est aussi lié à toute l’agitation de ce que ce lieu a produit sur moi en stimulant tellement d’idées et de champs du possible.

Il est certain que j’y retournerai, également pour le faire découvrir à mes proches, peut-être en commençant par un des nombreux ateliers proposés chaque semaine, histoire de prendre quelque peu mes marques dans ces « 1500m2 pour apprendre et inventer @ Nanterre ».

Si vous aussi, vous voulez profiter d’un visite de l’Electrolab, c’est tous les mardis soirs à 20h, merci de prévenir de votre venue en envoyant un mail à contact@electrolab.fr

Hackerspace @Nanterre
52 Rue Paul Lescop, 92000 Nanterre
contact@electrolab.fr
01 83 80 11 50

Anne LOUVARD, apprenante du Diplôme Universitaire Fabmanager, technique de facilitation et de fabrication numérique, promo #15.

J’ai récemment participé à un atelier de création de moules à chocolat pendant mon stage au Fablab de Taverny. Cet atelier a été proposé à l’occasion d’Halloween, les moules avaient donc des formes terrifiantes. Je vous propose de découvrir les différentes étapes de réalisations.

Étape 1 : Sculpter de la pâte à sel

La première étape est de préparer la pâte à sel : je réalise ma pâte avec 1 verre de sel fin, 2 verres de farine blanche et 1 verre d’eau. Une fois bien mélangé, j’ai commencé à la sculpter.

Pour m’aider, j’ai utilisé plusieurs ustensiles tels qu’un couteau ou un verre pour aplatir. Mais aussi de la farine, pour éviter que la pâte ne colle trop. J’ai utilisé du papier à four comme support afin d’éviter les soucis de décollage. La pâte colle et on peut très vite la déformer par accident.

Enfin, on réalise un petit passage au micro-ondes pour durcir la sculpture !

Étape 2 : Utiliser la Thermoformeuse

Qu’est-ce qu’une thermoformeuse ? C’est une machine permettant de chauffer un matériau pour le ramollir (plastique ou autre…) et lui faire prendre une forme particulière. En refroidissant, le matériau durcit et garde la forme voulue.

J’allume la machine. Une fois la température atteinte, il faut prendre une planche de plastique et décoller le côté qui sera en contact avec l’objet.

  • On positionne la feuille à plat.
  • On la bloque avec les deux accroches jaunes de part et d’autre de la machine
  • On attend quelques minutes que la feuille chauffe, elle commence à se courber
  • On rabaisse ensuite les poignées sur les objets
  • ET on active l’aspirateur qui va faire un appel d’air autour

On décolle ensuite le moule. Deux solutions se proposent à nous :

  1. Attendre que le plastique refroidisse, cependant la pâte à sel sera plus dure à décrocher
  2. Ne pas attendre et prendre la feuille encore chaude, puis la mettre à plat afin quelle ne soit pas déformée. Il faut faire attention à ne pas se brûler !

Étape 3 : Faire fondre du chocolat

Une fois votre moule bien refroidi, il est temps de préparer le chocolat. Dans une casserole, nous avons fait fondre du chocolat avec du beurre et plusieurs types de chocolats (noir, au lait, blanc…) ont été proposés pour que cela soit convivial.

A l’aide d’une spatule, j’ai déposé le chocolat dans les moules et j’ai mis le tout au frigo afin que ça refroidisse. Et voilà, les chocolats sculptés sont prêts !

Pauline MICHEL
apprenante du Diplôme Universitaire Fabmanager, technique de facilitation et de fabrication numérique, promo #15

Une Micro-folie est un espace numérique qui offre aux visiteurs la possibilité de découvrir l’art gratuitement. Apprenante au DU Fabmanager et Coordinatrice des ressources numériques de la bibliothèque Albert Camus à Éragny-Sur-Oise. Elle nous raconte dans cet article comment se déploie le dispositif de micro-folie de son établissement.

LES ACTIVITÉS EN ACCES LIBRE

Les personnes s’approchent des tablettes, tournent autour, mais n’osent pas tout de suite s’installer ! Très souvent ils viennent nous voir et nous demande « Est-ce qu’on peut essayer ? ». Je vais donc tout de suite à leur rencontre en expliquant le dispositif lorsque je vois des regards intrigués.

Dans un premier temps, je leur demande s’ils connaissent. Si non, je les invite à s’installer et je les accompagne sur le fonctionnement. Une œuvre les intéresse à l’écran ? Il leur suffit d’appuyer sur l’icône cœur de la tablette pour avoir des informations.

Le public jeunes est également très présent et en redemande tout au long de la semaine. Les enfants se sont vite attachés à la Micro-Folie notamment avec l’ensemble des mini-jeux qui les stimulent et leur permettent de découvrir les œuvres d’art de manière ludique (puzzle, memory, taquin, coloriages…). L’accès aux tablettes est encadré de façon à ce que les utilisateurs puissent découvrir l’art dans de bonnes conditions.

LES ACTIVITÉS ORGANISÉES

Tous les mois, nous avons une animation appelée « Les cercles d’art » où nous proposons l’analyse d’œuvres et la présentation d’artistes tels que Francis Bacon ou Gustave Courbet. La plateforme Micro-folie propose un mode « conférence » qui permet de sélectionner un ensemble d’œuvres.

Nous avons des cours de français tous les samedis dont l’objectif est de présenter des œuvres pour ensuite apprendre du vocabulaire. Par exemple, travailler sur les émotions via des portraits et ainsi allier apprentissage de la langue et découverte culturelle. Ce type d’atelier peut même aboutir à l’organisation de sorties au musée.

L’année dernière, j’ai accompagné un groupe d’une dizaine de personnes au musée du Judaïsme. Une médiation avait été faite en amont et les usagers ont pu voir en vrai ce qu’ils avaient vu via le musée numérique. La Micro-folie, dans ce cas-là, est une vraie passerelle vers l’art.

Tout au long de l’année, l’espace du musée numérique nous permet d’installer des expositions directement sur place. La structure Micro-folie nous permet d’avoir des projecteurs et du matériel son de qualité.

Par exemple, nous avons réalisé une exposition sur le jeu vidéo « Seasons After Fall » avec des croquis de personnages et de décors. Il y a également des mini-vidéos de la conception du jeu (dessins accélérés, logiciels, prototypes) ainsi que le jeu en accès libre sur le grand écran pour les utilisateurs ! Cette exposition a d’ailleurs abouti à la venue des créateurs eux-mêmes pour un temps d’échange avec le public de la bibliothèque.

Pauline MICHEL
apprenante du Diplôme Universitaire Fabmanager, technique de facilitation et de fabrication numérique, promo #15

Les Fablabs, en tant qu’espaces dédiés à l’innovation et à l’apprentissage pratique, attirent de plus en plus d’écoles. Qu’il s’agisse de garantir la sécurité, de gérer efficacement l’espace ou d’animer les activités, il est crucial de préparer ce moment avec soin. Comment accompagner les jeunes dans la découverte de cet environnement tout en leur offrant les meilleures conditions d’apprentissage ? Si vous vous préparez à accueillir une classe, voici quelques clés indispensables.

  1. Définir des objectifs : Que souhaitez-vous faire découvrir aux élèves ?

Chaque atelier en Fablab doit commencer par une vision claire des objectifs. Cette étape doit être réalisée en amont avec les enseignants, et vise à déterminer les thèmes à développer ainsi que les différentes compétences à acquérir.

Les écoles suivent souvent des thématiques tout au long de l’année, qui peuvent devenir le fil conducteur d’ateliers en Fablab, par exemple : la bande dessinée, l’espace, la musique, etc. Ces thèmes ludiques permettent de capter l’attention des élèves.

En parallèle, il est possible de cibler l’acquisition de compétences techniques spécifiques, comme l’initiation à la modélisation 3D ou la découpe laser. Il est important de poser des objectifs concrets et accessibles.

Voici un exemple concret d’atelier qui peut être réalisé. Le thème défini est l’espace. Le Fabmanager propose la création d’un jeu de cartes. Les enfants dessinent leurs cartes, les prennent en photo, puis les vectorisent sur l’ordinateur. Les cartes sont ensuite gravées sur du linoléum et passées dans une presse pour créer des tampons. Cet atelier permet aux enfants de développer plusieurs compétences autour d’un même thème.

  1. Logistique et sécurité : Préparer l’espace Fablab pour l’accueil de classe

Fablab rime souvent avec bricolage et donc machines potentiellement dangereuses. Le public enfant y est souvent exclu, il est donc important de penser à la sécurité des espaces.

Il est primordial de préparer le lieu de travail en amont. Dans un premier temps, on peut dégager l’espace afin de faciliter la circulation des enfants (tables espacées, petits mobiliers écartés pour éviter les accidents, etc).

A l’arrivée des enfants, on peut définir une zone dédiée aux effets personnels (sac à dos, manteaux) afin d’éviter l’encombrement de l’espace et les potentiels oubliés lors du retour à l’école.

Avant de débuter l’atelier, il faut rappeler les règles de sécurité et l’importance des équipements de protection (gants, lunettes, blouses…). C’est aussi un temps où les enfants peuvent poser des questions afin de clarifier certains points qui n’ont pas été compris.

Lors du déroulement de l’atelier, il est idéal de diviser la classe en deux petits groupes afin d’éviter les attroupements devant les machines, et de permettre une meilleure supervision des travaux.

  1. Préparation technique : assurer la fiabilité des machines et des ressources

En amont de l’atelier, il faut vérifier le fonctionnement des machines qui seront utilisées afin qu’elles marchent correctement le jour J. Il est conseillé de réaliser la veille l’exercice prévu pendant l’atelier et également d’installer les logiciels et fichiers nécessaires aux projets.

Il convient de contrôler le stock de consommables (comme des bobines de filament ou des plaques pour la découpe laser…) afin d’éviter le manque de matériaux en plein milieu de l’atelier. Une classe comptant une trentaine d’élèves, il faut prévoir des quantités de matériaux conséquentes, en prenant en compte les éventuels ratés des enfants.

  1. Déroulement de l’atelier : accompagner pas à pas

Les enfants sont maintenant installés et toutes les têtes sont tournées vers vous ! C’est le moment d’expliquer l’objectif de l’atelier. Il n’est pas nécessaire que cette partie soit trop longue, il faut rester simple mais clair.

Si vous avez un exemple de l’objet final à disposition, montrez-le à tout le groupe. Faites-le circuler de mains en mains afin que les enfants comprennent bien l’attendu final. Dans le cas où cela n’est pas possible, vous pouvez également projeter une photo si vous êtes équipé d’un écran.

Tout au long de l’atelier, vous pouvez vous déplacer parmi les enfants pour voir comment chacun progresse, répondre à leurs questions et les aider s’ils rencontrent des difficultés. L’important est qu’ils s’amusent pendant l’atelier dans une ambiance bienveillante.

  1. Clôture de l’atelier : offrir un moment de partage et de valorisation

À la fin de l’atelier, prenez un moment avec les enfants pour qu’ils partagent leurs impressions sur cette expérience. Vous pouvez leur poser des questions sur ce qu’ils ont aimé ou non, et savoir si cela leur a donné des idées pour de nouveaux projets. Invitez-les aussi à présenter leurs travaux à leurs camarades.

Prévoyez 5 minutes à la fin pour laisser le temps au groupe de récupérer les effets personnels avant de repartir à l’école. Vous pouvez également discuter avec les professeurs, pour recueillir leur impression sur le déroulement de l’atelier.

Pour finir, un petit temps de nettoyage est nécessaire afin de remettre la salle en place pour les futurs ateliers.

Pauline MICHEL
apprenante du Diplôme Universitaire Fabmanager, technique de facilitation et de fabrication numérique, promo #15

Crédits photo : © Charles Mangin

Dans le cadre du Diplôme Universitaire FabManager, Florian vous propose un focus sur une technique CNC .

Si de prime abord, on peut se demander quel est l’intérêt de cette machine, tant son champ d’action semble limité, la CNC fil chaud peut rapidement intégrer l’environnement du fablab pour de nombreux projets. Ces machines CNC se révèlent vite indispensables pour la découpe précise de matériaux comme le polystyrène et les mousses. Elles utilisent un fil chauffé pour fondre et couper le matériau, permettant des découpes si précises qu’on pourrait dire qu’elles découpent le polystyrène comme un fil à couper le beurre.

La machine

De nombreux modèles existent, du DIY au professionnel, avec une grande représentation de machines « artisanales » développées par des makers pour des utilisations spécifiques. Elles sont principalement composées d’un cadre (métallique, profilé alu, découpe laser..), d’un fil chauffant et d’un système de contrôle numérique. Le fil chauffant, généralement en nickel-chrome, est tendu entre deux bras et chauffe à une température suffisante pour fondre par radiation le matériau à découper (il n’y a pas de contact direct entre le fil et le matériau) Cette température est ajustable, et les mouvements de la machine sont contrôlés par un logiciel de commande numérique.

On retrouve différents modèles, mais on va se limiter à examiner les différences entre les 3 axes et les 4 axes :

CNC fil chaud 3 axes

La découpeuse CNC fil chaud 3 axes utilise trois axes de mouvement : X, Y et Z. Avec ces trois axes, la machine peut découper des formes 2D dans un matériau, essentiellement des profils en 2D avec une certaine épaisseur. Très simple d’utilisation et d’entretien, peu coûteuse et facile à réaliser en DIY, elle sera suffisante pour de nombreux projets simples.

CNC fil chaud 4 axes

La découpeuse CNC fil chaud 4 axes ajoute des moteurs rendant indépendants et asynchrones les déplacements en Y et en Z, ce qui permet de découper des formes beaucoup plus complexes comme des objets asymétriques ou des formes hélicoïdales. Plus complexe à gérer et à piloter, elle permet de découper des formes tridimensionnelles complexes.

Types de matériaux compatibles

Les CNC fil chaud sont principalement utilisées pour découper des matériaux comme le polystyrène expansé (PSE) et le polystyrène extrudé (XPS). Elles peuvent également couper d’autres types de mousses, tels que la mousse de polyuréthane et le polypropylène expansé (PPE). Chaque matériau présentant des caractéristiques bien spécifiques, il faudra adapter la vitesse et la température de coupe après une série de tests.

Applications et utilités dans un fablab

Les CNC à fil chaud trouveront rapidement leurs applications et seront particulièrement utiles pour :

  • Modélisme : fabrication de modèles réduits ou de maquettes, plus spécialement en aéromodélisme.
  • Décoration : réalisation de décorations pour des événements (fêtes, théâtre, props et cosplay) et lettrage (enseigne, signalétique et vitrines).
  • Prototypage : création de prototypes dimensionnels rapides et peu onéreux.
  • Création de moules et contre-moules : travail des composites fibres, jesmonite, thermoformage.
  • Architecture : création de maquettes détaillées pour des projets architecturaux, volumes et décors.
  • Emballage : conception d’emballages et mousses de calage sur mesure pour les produits fragiles.
Logiciels et formats de fichiers

Pour piloter les CNC à fil chaud, plusieurs logiciels sont disponibles, mais généralement, il s’agit de logiciels propriétaires. Les fonctions et déplacements de la machine se gèrent via des G-code, et les formats de fichiers couramment utilisés pour les découpes sont des fichiers vectoriels (DXF, SVG).

Difficultés et limitations de la CNC fil chaud

L’utilisation d’une machine CNC à fil chaud comporte quelques difficultés et limites fonctionnelles qu’il est important de connaître pour optimiser son utilisation :

  • Réglage de la température : trouver la température optimale pour couper différents matériaux peut être délicat. Une température trop élevée pourra brûler le matériau, tandis qu’une température trop basse rendra la découpe inefficace.
  • Calibration de la machine : une calibration précise de la machine est cruciale pour obtenir des découpes justes. Cela pourra nécessiter des ajustements minutieux et des tests répétés.
  • Logiciels et programmation : l’apprentissage des logiciels de contrôle et la compréhension tridimensionnelle de la découpe à réaliser peuvent être difficiles pour les utilisateurs novices.
  • Maintien des matériaux : certains matériaux peuvent être difficiles à maintenir et à fixer correctement sur le plateau, nécessitant le recours à des aides techniques spécifiques pour éviter les mouvements pendant la découpe.
Précautions

Lors de l’utilisation des machines CNC à fil chaud, il est important de suivre certaines précautions :

  • Ventilation : assurez-vous que la pièce est bien ventilée pour éviter les fumées toxiques, ou disposez d’un extracteur d’air.
  • EPI : portez des gants pour éviter les brûlures, un masque respiratoire à cartouche pour éviter les émanations et vapeurs, et des lunettes de protection (fumées irritantes).
  • Supervision : ne laissez jamais la machine sans surveillance, car le fil montant en température, des risques d’incendies sont toujours possibles.
  • Maintenance : vérifiez l’état du fil chauffant et remplacez-le si nécessaire pour maintenir une qualité de découpe optimale et limiter les risques d’incidents.
Impacts écologiques

Si les matériaux et mousses utilisés n’ont pas le meilleur impact écologique, leur surabondance dans notre vie quotidienne les rend facilement disponibles, recyclables et réutilisables. Leur utilisation avec des machines CNC à fil chaud permet le réemploi de ces matériaux souvent produits à seul but d’emballage, et de leur offrir une utilité et vie supplémentaire ; sans négliger de penser à une filière de collecte adaptée en vue de leur recyclage (des innovations sur ce sujet sont en cours…), contribuant ainsi à une approche plus durable de la fabrication.

Conclusion

Les machines CNC à fil chaud sont des outils polyvalents et essentiels dans un fablab, offrant de nombreuses applications pour les usagers. Après une formation rapide pour maîtriser les précautions de sécurité et les logiciels appropriés, ces machines permettent des découpes précises et créatives, ouvrant de nouvelles possibilités dans la fabrication numérique.

Alors, n’ayez aucune crainte concernant cette machine et lancez vous : avec une CNC fil chaud, tout va glisser comme avec un fil à couper le beurre… chaudement !

Florian Scharinger,
apprenant du Diplôme Universitaire Fabmanager, technique de facilitation et de fabrication numérique, promo #14

Dans le cadre du Diplôme Universitaire FabManager, Mélanie vous propose un focus sur les Instituts Médico-Éducatif et ce que peuvent apporter les fablabs dans un contexte d’apprentissage.

Accueil de jeunes de l’IME dans les FabLabs : Une expérience enrichissante

Les FabLabs, lieux d’innovation et de créativité, ouvrent leurs portes à des publics variés, y compris les jeunes de l’Institut Médico-Éducatif (IME). Cet accueil représente une opportunité précieuse pour ces jeunes, leur offrant un accès à des technologies de pointe et à des activités stimulantes dans un environnement inclusif.

Favoriser l’apprentissage et l’autonomie

L’accueil des jeunes de l’IME dans les FabLabs ne se limite pas à une simple visite. C’est un véritable projet pédagogique qui vise à développer leur autonomie, leur confiance en eux et leurs compétences techniques. Les ateliers sont adaptés à leurs besoins et capacités, permettant à chaque participant de progresser à son rythme.

Renforcer les liens communautaires

Ces initiatives renforcent également les liens entre le FabLab et la communauté locale. Elles montrent comment la technologie et l’innovation peuvent être mises au service de l’inclusion sociale. Les échanges entre les jeunes de l’IME et les membres du FabLab enrichissent tout le monde, favorisant une meilleure compréhension et une solidarité accrue.

Le Tactilab de La MIETE à Villeurbanne : Découverte et inclusion

Lors d’un stage au Tactilab j’ai pu participer a l’accueil de plusieurs groupes de jeunes d’IME dans le cadre d’ateliers qu’ils mènent sur l’année.  Au début d’année ils ont été formé à des outils numériques tels que les imprimantes 3D, les découpeuses laser et le plotteur de découpe afin de mener un projet commun pour leurs structures. Encadrés par des professionnels, ces jeunes ont pu explorer des activités pratiques et créatives, découvrant de nouvelles compétences et passions.

L’accueil de jeunes de l’IME dans les FabLabs est une expérience enrichissante pour tous les participants. Elle démontre le potentiel des FabLabs à devenir des espaces véritablement inclusifs, où chacun peut s’épanouir et apprendre. 

Conclusion

Les FabLabs, en accueillant des jeunes de l’IME, prouvent qu’ils sont plus que des lieux d’innovation technologique. Ils sont des espaces de partage, de découverte et d’inclusion, offrant à chacun une chance de développer ses talents et de trouver sa place dans la communauté. Ces initiatives méritent d’être renouvelées et soutenues, pour le bénéfice de tous.

Décoration fait sur inkscape puis découpé avec la découpeuse Laser par les jeunes afin de décorer leur structure. 

Maquette dont le modèle à été trouvé sur internet, le jeune et les Fabmanagers se sont occupés de découper tous les morceaux avant de l’accompagner dans le montage de sa maquette.

Mélanie Roux,
apprenante du Diplôme Universitaire Fabmanager, technique de facilitation et de fabrication numérique, promo #14.

Dans le cadre du Diplôme Universitaire FabManager, Jérôme vous propose un focus sur un principe de fablab itinérant en bibliothèque.

Deux FabLabs itinérants, appelés la Bidouillothèque, ont été mis en place en 2021 au sein du réseau Cœur d’Essonne. Ce projet pour les médiathèques du réseau a été réalisé grâce aux médiateurs numériques, des bibliothécaires et en collaboration avec Casimir Jeanroy-Chasseux et Tiffanie Pichon de l’association ICI et LAB.

Corentin Fourmond, médiateur culturel et responsable numérique à la médiathèque de Brétigny, et Julien Domenech, responsable du Fab Lab à la médiathèque de Sainte-Geneviève-des-Bois, sont les référents du projet. Leur objectif est de faciliter l’accès aux outils de fabrication numérique pour les bibliothécaires, les médiateurs numériques et le public, en rendant leur utilisation accessible aux non-initiés.

Le projet comprend deux modules :

  • Modulab à la médiathèque de Sainte-Geneviève-des-Bois, équipé d’un plotter de découpe, d’un PC portable pour les loisirs créatifs (stickers, papier cartonné, flex), et de deux imprimantes 3D (Micro Delta et FlashForge CoreXY).
  • Modulaz à la médiathèque de Brétigny, dédié à la découpe laser.

La Bidouillothèque a pour but de promouvoir les actions culturelles autour du numérique et de permettre aux médiathécaires de s’approprier facilement ces outils. Cela inclut :

  • La formation du personnel volontaire et des référents par ICI et LAB.
  • La promotion du dispositif en interne, en partageant les connaissances entre les personnels initiés et non-initiés, pour encourager les bibliothécaires à proposer des animations.
  • La proposition d’ateliers clé en main et simples à appliquer.
  • La démonstration des possibilités de base offertes par ces outils.
  • L’exploration de la création de produits attractifs avec ces outils.

Les deux modules sont toujours en activité : le Modulab est empruntable pour au moins une semaine, et le Modulaz pour au moins deux semaines.

Modulab à la médiathèque de Sainte Geneviève-des-Bois

Modulaz à la médiathèque de Bretigny

Liens externes :

Molulab par Ici et Lab

Jérôme Teng,
apprenant du Diplôme Universitaire Fabmanager, technique de facilitation et de fabrication numérique, promo #14