Aller au menu Aller au contenu

Information importante !

Le FacLab sera fermé le 1er, 2, 8, 9, 29 et 30/05 • Merci de consulter régulièrement notre agenda, des fermetures exceptionnelles peuvent survenir

Dans le cadre de sa formation au FacLab au Diplôme Universitaire Fabmanager, Techniques de fabrication numérique et de facilitation, Flore nous propose une visite du fablab montreuillois dans lequel elle a effectué son stage en novembre et décembre 2024.

Flore LIMACHER,
apprenante du Diplôme Universitaire Fabmanager, technique de facilitation et de fabrication numérique, promo #15.




J’ai toujours été particulièrement intéressée par les tiers-lieux, les valeurs qu’ils portent et transmettent, l’esprit collectif au service du collectif et de la communauté. Quand un FabLab est associé à cette dynamique, c’est le combo idéal pour créer, partager, apprendre, faire ensemble.

Le Château Éphémère, anciennement château Vanderbilt, détonne dans le paysage urbain de Carrières sous Poissy, classé zone prioritaire. Lieu patrimonial reconverti pour la création, il ne peut qu’inspirer ses artistes en résidence et offre au public, en plus de ces évènements, un éventail d’accès et d’initiations sur les technologies de demain.
Né d’une initiative de la GPSEO (Grand Paris Seine & Oise) et porté par l’association Vanderlab, le Château Éphémère s’inscrit dans une démarche ambitieuse de développement culturel autour de la fabrication sonore et numérique. Le Château Éphémère accueille chaque année plus de 50 résidences artistiques, au croisement des arts numériques, visuels et sonores.
Issus du milieu de la recherche, des arts sous toutes ses formes, et du monde des makers, leurs artistes sont porteurs de projets qui interrogent, expérimentent, explorent l’impact des innovations technologiques sur nos vies avec des créations qui ne vous laissent généralement pas indifférents, vous transportent dans leur univers et qu’ils partagent lors des évènements du Château (performances, installations, concerts, projections…)

Leur FabLab représente selon moi le trait d’union entre l’artiste et le public.
Espace d’expérimentation pour l’un et d’apprentissage pour l’autre, le Fablab du Château les connecte.

En témoigne Amélie Samson, artiste en résidence :
Son projet : elle place au centre de sa pratique la co-création dans un réseau qui se compose aussi bien d’entités humaines que non-humaines comme les machines. Très tournée vers le numérique, elle développe des projets qui lui permettent de questionner et contester la manière dont les technologies entrent dans nos vies et les limites qu’elles imposent. Pourtant, ses projets démontrent aussi que les possibilités du monde virtuel ouvrent de nouveaux champs d’expérimentation. À travers l’utilisation de techniques traditionnelles (dessin, céramique) et contemporaines (électronique, fabrication assistée par ordinateur), elle dresse un pont entre analogique et numérique, tout en interrogeant les interactions homme-machine.

En quoi le fablab du Château Éphémère a-t-il enrichi ou transformé ton approche créative ?
« Pouvoir expérimenter ses idées instantanément en résidence d’artiste est un bel atout. Cela permet d’avancer plus vite, d’éliminer certaines pistes et d’en poursuivre d’autres chaque jour. Les temps de résidence sont courts et doivent être intenses pour bien avancer dans son projet. Avoir un fablab disponible au Château juste à côté de mon atelier m’a permis d’avancer efficacement et d’identifier le processus créatif qui permet de donner forme à mes créatures. Le fablab est aussi un lieu de rencontre avec les autres artistes en résidences, les adhérents ou les acteurs de la vie du château. Ces rencontres permettent d’échanger ses idées et ses connaissances et de faire évoluer nos projets et nos approches respectives. Travailler dans un fablab permet de garder une ouverture sur le monde dans un moment où, en tant qu’artiste, on est parfois très concentré sur ses projets personnels.

Quels outils ou technologies disponibles dans le fablab as-tu trouvés les plus utiles pour ton projet ?
« J’ai divisé mon temps de résidence au Château éphémère en deux parties. Dans un premier temps, je me suis consacrée à identifier le processus permettant de donner un corps à mes créatures. J’ai commencé par enregistrer les sons parasites liés à nos usages numériques. Puis j’ai analysé les spectres, les représentations graphiques de ces sons, pour les passer en trois dimensions sur mon ordinateur. Cela créait donc des textures associées aux sons. Le but était ensuite d’utiliser ces textures pour créer la peau et les couleurs de mes créatures. Celles-ci sont réalisées en silicones afin d’être flexibles et de pouvoir leur donner un mouvement de « respiration » grâce à des pompes à air.
Je devais donc trouver un moyen efficace de donner forme à ces créatures en silicone. Pendant mes deux premières semaines, je me suis beaucoup servi des imprimantes 3D du fablab. Cela m’a permis de tester plusieurs processus de coulage de silicone dans des moules imprimés en 3D et d’identifier celui le plus efficace. Grâce à mes moules imprimés en plastique, j’ai pu tester les couleurs de silicone que je voulais obtenir, mais aussi les épaisseurs, les échelles…
Mes deux dernières semaines ont ensuite été consacrées à la partie pompe et électronique qui permet d’activer le dispositif et de faire bouger les créatures. L’avantage de la présence du Fablab directement au château est que j’ai pu avoir accès à tout un tas de matériel en lien avec l’électronique pour mener mes tests. Multimètre, fer à souder, petits éléments comme des résistances ou des leds, des breadboard et des câbles pour effectuer des branchements rapides, etc. Tester avec le matériel du Fablab m’a permis d’identifier les composants dont j’avais besoin et de commander ensuite ceux qui étaient adaptés à mon projet. »

Peux-tu partager un exemple concret où l’accès au fablab a joué un rôle dans la réalisation d’une œuvre ou d’un prototype ?
« Mon projet artistique repose entièrement sur l’utilisation de l’impression 3D. Cette technologie est nécessaire car elle me permet de créer des représentations fidèles et directes des sons que j’enregistre. C’est une démarche que l’on pourrait qualifier de « data-sculpture », j’utilise ici des données sonores caractéristiques de notre usage du numérique pour créer des formes en trois dimensions. Mais ce processus créatif est rendu possible uniquement grâce à l’utilisation de machines à commandes numériques. L’accès au fablab était donc nécessaire pour produire mon œuvre. Mon approche est double oscillant entre fascination pour la technologie, qui me permet de réaliser des moules imprimés extrêmement précis, et appréhension critique de ses implications dans notre société.
L’utilisation des machines du fablab pendant ma résidence m’a également permis d’identifier des contraintes techniques auxquelles je n’avais pas pensé avant. Par exemple, j’ai pu constater que certaines pièces coulées dans mes moules imprimés n’étaient tout simplement pas démoulables ! J’ai donc dû reconsidérer entièrement le processus créatif à plusieurs reprises. » [fin de l’entretien]

Les ateliers famille avec les artistes en résidence rendent accessibles des processus de création complexes. J’ai pu le constater lors de mon stage chez eux, avec Kévin Ardito proposant la création d’un jeu vidéo avec l’IA , d’une méduse 3D pour un atelier sur le milieu aquatique avec Julie Everaert.
Le fablab permet un apprentissage récréatif et concret des nouvelles technologies, tout en abordant l’aspect préventif sur son bon usage et l’univers qu’ils défendent.

Tout comme pour le public, le fablab est une porte ouverte à la création que même les artistes ne soupçonnent pas. Cela a été le cas pour ZWAÏ . Lors de leur entrée en résidence, avant de prendre leur quartier, il ont visité tous les espaces du Château. Leur atelier étant en face du fablab, ils ont été d’abord curieux de voir ce que l’on pouvait y faire, avec comme première pensée que ce n’était pas utile dans leur domaine. Après une initiation à la brodeuse numérique et le fait d’être voisin de palier un court instant au Château, ils s’initient aujourd’hui à différentes machines que ce soit pour personnaliser des vêtements ou imaginer la création d’éléments de décor qui pourraient enrichir leur scénographie.

bsh

Pluridisciplinaire, hybride, innovant, ce lieu mérite d’être connu.
Tout comme La Lanterne à Cergy Pontoise, une magnifique et atypique ancienne école réhabilitée en tiers-lieu culturel, fabrique de territoire, engagé dans l’éducation populaire. J’y verrais bien un petit fablab !

Laetitia SAUDRY,
apprenante du Diplôme Universitaire Fabmanager, technique de facilitation et de fabrication numérique, promo #15.

Longtemps associés aux milieux urbains, les FabLabs s’implantent de plus en plus dans les territoires ruraux.
Ces espaces de fabrication numérique sont bien plus que de simples ateliers technologiques : ils constituent des lieux de créativité, d’innovation, de développement économique et de liens sociaux, indispensables aux habitants et au service des communautés locales.
L’Élabo de Bellême fait office de référence dans le Perche et plus largement dans le département de l’Orne.

L’isolement géographique et une densité de population moindre

Beaucoup d’usagers ont découvert le FabLab par bouche-à-oreille ou parce qu’ils en avaient besoin et non par hasard, au détour d’une rue comme en milieu urbain. Sans voiture, et installé à l’écart du centre ville, il faut pouvoir être mobile pour y accéder.

Une chance, Bellême fait partie des lieux touristiques incontournables du Perche. En plus du tissu local, ils captent aussi les résidents secondaires et les touristes de passage dans la région.

Accès annuel et formats personnalisés
Ouvert du lundi au samedi, toute l’année, excepté pendant les fêtes de fin d’année, cette disponibilité et cette amplitude font leur force. Se rendre disponible fait partie intégrante des valeurs qu’ils défendent.Contrairement aux sessions collectives pratiquées et appréciées en milieu urbain, le FabLab propose des formations personnalisées qui garantissent un apprentissage de qualité et plus adaptées à la demande de la population. Les adhérents, une fois formés, peuvent accéder au FabLab 24h sur 24, grâce à un badge.

Soutien à l’économie locale

Le FabLab joue un rôle crucial dans le développement économique et social. En milieu rural, où les ressources sont parfois limitées, il offre des services indispensables aux entreprises et aux entrepreneurs :

– Conception et personnalisation : Broderie pour des vêtements de travail, marquage de pièces mécaniques, étiquettes pour plantes.

– Support de communication : Goodies personnalisés, panneaux de signalétique pour des piscines ou des chemins balisés.

– Accompagnement des start-ups : Formations au e-commerce, référencement numérique, et assistance à la facturation.

Que ce soit les entrepreneurs, les artisans, les associations, les habitants, tous profitent des outils et savoir-faire du FabLab à des tarifs accessibles pour tous.

Vecteur d’éducation et de partage intergénérationnel

Club collégiens : Tous les mardis midi, des élèves apprennent à utiliser les logiciels et les machines, une chance que le fablab soit situé en face du collège.

Ateliers numériques : à l’Élabo ou dans toutes les communes aux alentours, les conseillers numériques luttent contre la fracture numérique, assez symptomatique en ruralité, renforcent les liens sociaux et parfois les amènent à aller plus loin dans l’apprentissage de nouvelles technologies.

Vision d’Avenir pour 2025

L’Élabo de Bellême aspire à :

– réduire la fracture numérique en proposant des formations inclusives pour les jeunes, les seniors et les plus démunis et isolés en élargissant leur champ d’action géographique ;

– encourager un numérique responsable grâce à la sensibilisation à la cybersécurité, au cyberharcèlement, à la lutte contre les fake news, et la promotion des low tech ;

– favoriser l’innovation avec des ateliers sur l’intelligence artificielle pour accompagner les entreprises locales ;

– renforcer l’éco-responsabilité en intégrant des pratiques durables et sobres dans toutes les activités.

Mais l’Élabo, c’est avant tout un rapport humain. Il existe un lien fort entre les usagers entre eux et avec l’équipe. Un contrat de confiance qui croît, comme le nombre d’adhérents, à taille humaine, à l’échelle d’un territoire.

J’ai tissé un lien profond avec cette équipe avant mon entrée au Faclab. Ce sont des personnes passionnées, accessibles et bienveillantes, prêtes à partager leur savoir et leur enthousiasme. Grâce à elles, j’ai pu découvrir et comprendre ce que représente véritablement un espace du faire : un lieu où le champ des possibles s’élargit grâce à des échanges humains riches et inspirants. Ce n’est pas seulement un espace de création, c’est un écosystème nourri par ceux qui transmettent, soutiennent et encouragent à chaque étape.

L’équipe : Thomas, responsable de l’Élabo, arrivé en 2018, formation sciences sociales, ancien consultant en dématérialisation. Théo, conseiller numérique, arrivé en 2021, formation en marketing, actuellement en formation CCP2 et CCP3 (certificat de compétences professionnelles en gestion d’espace public numérique). Léa, conseillère numérique, arrivée en 2024, formation en assistance de direction.

« L’Élabo a beau être technophile et promouvoir les usages numériques, on insiste sur le contact humain, l’échange en personne, la voix vive et le regard direct! Oui, on propose des interfaces de réservation sur internet, mais nos noms et numéros de téléphone portable sont publics et utilisés par nos adhérents et usagers pour régler des problèmes. Oui, on a envie de rendre les gens autonomes sur les machines, mais on est toujours disponibles pour les questions, les avis, les conseils. Les machines et le parc informatique du tiers-lieu fonctionnent bien, mais les gens viennent aussi chercher un contact bienveillant. D’ailleurs, on ne surveille pas, on ne contrôle pas… on fait confiance, et on n’a jamais eu de casse, de vols, de dégradation. »  Thomas

Cette approche attire l’attention d’autres FabLabs régionaux, comme La Ruche et Le Sillo de Verneuil-sur-Avre ou le futur tiers-lieu d’Andaine-Passais, venus s’en inspirer.
Cet article en lien m’a fait sourire. « La fablab » (sic) prouve que l’univers des makers, du faire ensemble est encore bien trop méconnu.

Laetitia SAUDRY,
apprenante du Diplôme Universitaire Fabmanager, technique de facilitation et de fabrication numérique, promo #15.

L’année 2009 marque un tournant décisif dans l’histoire de l’impression 3D avec l’expiration du brevet de la technologie FDM (Fused Deposition Modeling). Suite à cela des entreprises et des communautés open-source développent des imprimantes 3D à moindre coût, notamment dans le cadre du projet RepRap. C’est alors qu’en 2010 alors qu’il est en séjour au État-Unis qu’Olivier Dalechamps salarié à Planète Sciences décide de ramener des kits Reprap pour son utilisation personnelle. Très vite il acquière les compétences nécessaires pour monter et faire fonctionner parfaitement ses kits. Pendant des mois, il reste dans son coin à bricoler et c’est ainsi qu’une vraie passion pour l’impression 3d naît en lui. Au début de l’année de 2012, de plus en plus de personnes sont intéressées par l’impression 3d et c’est alors qu’Olivier décide de ramener les imprimantes qu’il a monté chez lui à Planète Sciences.

Ce simple geste marque le début d’une aventure collective. Grâce au bouche-à-oreille, de petites équipes de deux ou trois personnes se rassemblent régulièrement pour assembler leurs propres imprimantes à partir de kits RepRap. Les procédés de fabrication sont encore artisanaux : les plateaux chauffants sont improvisés à partir de plaques et de résistances fixées avec des fils chauffants. À cette époque, les imprimantes fonctionnent avec deux types principaux de plastique : le PLA, connu pour sa rigidité et sa simplicité d’usage, et l’ABS, plus résistant mais également plus exigeant à manipuler. De fil en aiguille de plus en plus de personnes se joignaient à Planète Sciences parce qu’ils avaient entendu dire que c’était là qu’ils pourraient monter leurs imprimante 3D. Très vite, ce rendez-vous est devenu un point de ralliement pour les amateurs de fabrication numérique. Les gens qui venaient étaient guidées par une communauté de makers, passionnés et solidaires, prêts à partager leurs connaissances et à aider les nouveaux venus.

Ce mouvement a non seulement permis de démocratiser l’accès à l’impression 3D, mais aussi de renforcer l’esprit de collaboration et d’apprentissage collectif, des valeurs chères à Planète Sciences.

L’histoire des RepRap à Planète Sciences est un exemple de la manière dont une passion individuelle peut se transformer en un projet collectif porteur de changements. Elle illustre aussi comment les technologies open-source, alliées à l’esprit de partage, peuvent révolutionner l’accès à des outils autrefois inaccessibles, tout en renforçant les liens humains dans un monde de plus en plus numérique.

Dramane ANOUVIET,
apprenante du Diplôme Universitaire Fabmanager, technique de facilitation et de fabrication numérique, promo #15.

La coupe de France de robotique est un évènement incontournable pour les passionnés qui se rencontrent chaque année en faisant participer leurs robots à des matches.

À mon arrivé à Planète Sciences je n’avais jamais vraiment eu à faire de la robotique mais très vite en tant qu’animateur cela m’a passionné et lors des ateliers périscolaires dans des écoles parisiennes je me suis mis à aider les jeunes dans la création de leurs robots mais il me fallait encore plus de défis. C’est avec l’envie de faire des robots de plus en plus complexes que j’ai accepté en octobre 2021 d’encadrer un groupe de jeunes venant de l’EPIDE de Brétigny. L’objectif était qu’ils puissent participer aux rencontres d’Île-de-France de la coupe de France de robotique junior qui se sont déroulées à Melun le 5 mars 2022 et qui avaient pour thème Age of Bots.

Résumé de manière courte chaque équipe marquait 5 points chacun + bonus pour des actions comme basculer des carrés de fouille, manipuler des échantillons (jusqu’à 12 points chacun selon leur emplacement et tri), sécuriser des objets dans l’abri (5 points par échantillon), et des bonus pour la statuette et le retour des robots dans une zone lui appartenant (jusqu’à 20 points). Les matchs de l’équipe que j’ai encadrée qui s’appelait les Axolotls se sont très bien déroulés mais malheureusement ils n’ont pas pu se qualifier pour les rencontres nationales. Toutefois, ils sont repartis avec le prix du Fairplay pour leur comportement exemplaire et une attitude positive.

Enrichi par cette expérience, j’ai tout de suite été emballé lorsque j’ai su que je devais encadrer un nouveau groupe de l’EPIDE pour la Coupe de France de robotique junior 2024. Cette année, le thème était Farming Mars. Et pour cette année les points étaient attribués lorsqu’on déplaçait des plantes (jusqu’à 5 points par plante selon leur emplacement), orientait des panneaux solaires (5 points chacun), et assurer la pollinisation (jusqu’à 10 points par zone selon les coccinelles et les plantes). Un bonus de 10 points était accordé si le robot principal retournait à sa zone de recharge.

Cette année a été totalement différente, car toutes les équipes se sont vraiment données à fond dans la réalisation de leurs projets, que se soit aux niveau des mascottes où des pilotes, il y avait une très bonne ambiance. Mon équipe cette fois-ci ne s’est pas laissée impressionner. Ce qui nous a d’ailleurs permis de nous qualifier pour les rencontres nationales à La Roche-sur-Yon.

Une fois arrivé sur place, le décor était à la hauteur de l’événement. Il y avait des équipes des quatre coins du monde et l’esprit de partage était au rendez-vous car les équipes n’hésitaient pas à s’échanger le matériel (que ce soit une carte arduino, une clé Allen, ou encore se prêter des imprimante 3D pour imprimer une pièce qui manquerait à leur robot).

Malgré des scores qui ne reflétaient pas nos attentes nous avons pu profiter de l’évènement autrement notamment avec la visite de la ville, les Sables-d’Olonne où par un détour à la fête foraine qui n’était pas loin du site.

Après 3 jours de compétition dans la bonne humeur et la convivialité, le moment était venu pour nous de nous séparer avec les souvenirs d’une expérience inoubliable rendue en particulier possible grâce aux bénévoles qui sont pleinement impliqués dans le bon déroulement de ce rendez-vous annuel.

Dramane ANOUVIET,
apprenant du Diplôme Universitaire Fabmanager, technique de facilitation et de fabrication numérique, promo #15.

Dans le cadre du Diplôme Universitaire Fabmanager, j’ai eu à proposer un temps d’animation pour la communauté du Faclab.

Ainsi, au mois de novembre, les odeurs et les saveurs ont envahi le Faclab le temps d’un atelier Chocolat avec la communauté.

La préparation de cet atelier a nourri quelques échanges sur la place du chocolat dans un Fablab… On pourrait faire des moules !

Oui, pour les moules, mais ensuite il faut « mettre le chocolat au point » et là, c’est un métier…

Je me suis donc posée cette question :

Quelles relations pourraient exister entre un fablab et un chocolatier ?

Gravure laser sur tablette de chocolat

Je me suis lancée dans quelques expérimentations de gravure sur une tablette de chocolat.

Voilà de quoi personnaliser une tablette à offrir ! Différents réglages avant d’arriver à une gravure qui ne carbonise pas le chocolat, avec une puissance à 60 % et une vitesse à 60 %, le résultat obtenu est plutôt satisfaisant.

Alors certes, je déconseille la consommation d’une tablette gravée dans une découpeuse laser qui a passé sa journée à couper du bois, du cuir et du plexi, mais si un chocolatier veut se lancer sur ce secteur, il peut venir développer son expertise dans un fablab et acquérir ensuite une petite découpeuse laser consacrée uniquement au chocolat, de plus, pas de fumées toxiques, donc pas de problème d’extraction.

Fabrication de moules de chocolats

  1. Le fablab peut accompagner le chocolatier pour modéliser son moule avec des logiciels de modélisation 3D pour en définir le design.
  2. Prototyper le positif du moule avec une imprimante 3D, voir si le résultat correspond aux attentes, calibrer par rapport aux emballages, aux espaces de vente… Une question se pose déjà… quelle imprimante? Nous avons simplement commencé avec une imprimante à dépôt de fil fondu avec du PLA. Les positifs ont été plutôt satisfaisants. Les trous ont été faits pour permettre à la feuille plastique de se plaquer au mieux au modèle dans la thermoformeuse pour reproduire les petits détails.
    « Pourquoi ne pas faire les négatifs directement en imprimante 3D me direz-vous ?» Au départ c’est ce que nous avons fait pour valider le design de la tablette ou médaillon de chocolat.

    Mais cette solution n’est pas viable car bien que certains filaments soient reconnus aptes au contact alimentaire, la vraie difficulté réside dans la porosité des pièces imprimées en 3D et donc dans l’impossibilité de les nettoyer convenablement après utilisation pour garantir les normes d’hygiène alimentaire, le moule serait donc destiné à un usage unique. Une solution à conserver si tel est l’objectif pour une série unique par exemple. Le négatif peut être nécessaire pour calibrer le design de la tablette. Comme ci-contre. Pour en savoir plus sur la question du contact alimentaire avec les impressions 3D, je vous conseille cet article très complet : https://formlabs.com/fr/blog/guide-impression-3d-alimentaire/
  3. Thermoformer les moules
    L’utilisation de la thermoformeuse a posé plusieurs questions : déjà il a fallu trouver des feuilles plastiques adaptées au contact alimentaire. Ensuite tester quelle épaisseur de feuille pour le bon usage des moules? Nous avons testé trois épaisseurs :
    • 0,1mm est beaucoup trop fin et donc trop souple à manipuler ;
    • 0,5mm convient mais est assez fin et donc fragile dans l’utilisation, il faut alors prévoir de pouvoir en refaire régulièrement dans le cas d’une utilisation répétée ;
    • 1mm est beaucoup plus résistant, subit moins de déformation dans la manipulation. Cependant, nous avons rencontré une difficulté lors du thermoformage avec ces feuilles : les positifs en PLA se sont déformés, probablement dû à l’inertie de la chaleur des feuilles plus épaisses.

Pour pallier à cela et pour pouvoir miser sur des feuilles de 1mm, nous allons faire les prochains positifs en impression résine.

Effectivement la possibilité de fabriquer des moules sur mesure est un atout certain pour l’artisan chocolatier, plusieurs utilisent déjà une thermoformeuse en utilisant des objets du quotidien pour obtenir des moules thématiques.

Notez, pour les fablabs qui intègrent une activité de prestation dans leur fonctionnement économique, voilà une offre qui peut séduire un artisan chocolatier qui n’a pas nécessairement le besoin et pas les moyens d’investir dans les solutions proposées aujourd’hui par les industriels. Ceux-ci fabriquent des moules professionnels personnalisés dans des quantités ou à des prix inadaptés à un petit artisan qui peine à se distinguer par des produits uniques et doit se contenter des moules commercialisés et dont les modèles se retrouvent ainsi chez beaucoup de leurs concurrents.

Personnalisation des boîtages

Une autre application possible dans les fablabs est de personnaliser les boîtages, une application particulièrement coûteuse pour des artisans qui n’ont pas besoin de gros volumes de boîtes.

Le fablab peut donc représenter une opportunité intéressante voire offrir la possibilité d’un marquage personnalisé au client dans le cadre d’un événement spécial.

Ici, des boites à chocolat en bois, gravées à la découpeuse laser.

Autres applications possibles

  • Utiliser la brodeuse numérique pour la personnalisation des vêtements professionnels : tablier, veste de pâtissier, toque… ou peut-être en flocage pour certaines pièces.
  • Utiliser le plotter de découpe pour de la vitrophanie, préparer des éléments pour la vitrine ou la signalétique du commerce.
  • Utiliser le plotter de découpe ou la découpe laser pour prototyper des éléments de boîtages spécifiques à un produit, voire réaliser de la petite production pour une série limitée sur des découpes de carton fin par exemple.
  • Faire appel au parc machines pour de la petite réparation sur les appareils et équipements professionnels : un pied de robot, un manche de râpe, un coin de meuble, un bouton de caisse enregistreuse…

Cette offre peut aussi être proposée par les fablabs qui font de la prestation de service car le chocolatier trop occupé ne prendra pas le temps de la réparation mais se saisira volontiers de la proposition qui lui permettra de prolonger la vie de son matériel sans avoir à chercher le bon réparateur…

Cette réflexion sur les fablabs et les chocolatiers pourrait se poser plus largement et conduire à des réponses communes : Quelles relations entre un fablab et un artisan ?

Anne LOUVARD, apprenante du Diplôme Universitaire Fabmanager, technique de facilitation et de fabrication numérique, promo #15.

avec Doodle3D et Cura by Dagoma

Pour faire de l’impression 3D, il y a 3 étapes que j’ai souhaité simplifier au maximum, tout en assurant une réelle initiation à toutes les étapes de l’impression 3D qu’on retrouve dans un fablab ; voici le parcours que j’ai retenu :

1 – Modéliser en 3D2 – Slicer le modèle 3D3 – Imprimer
Doodle3D Transform, en ligne https://doodle3d.com/
Cura by Dagoma https://www.dagoma3d.com/
Imprimante 3D Sigma de Dagoma.

Doodle3D Transform

Doodle3D Transform est une application en ligne, gratuite et open source, créée entre 2015 et 2017.

La simplicité d’utilisation de cet outil permet une prise en main extrêmement rapide et intuitive qui développe une autonomie de conception quasi instantanée.

L’interface est construite sur un écran divisé en deux parties :


à gauche : un espace feuille de dessin qui permet « d’esquisser » en 2D avec quelques outils simples d’accès.à droite : le plateau d’impression pour agir sur la troisième dimension de son dessin transformé en 3D.

Après une petite prise en main des outils, et quelques réalisations simples, on découvre qu’on peut aller un peu plus loin dans le logiciel et faire intervenir les logiques de construction 3D comme l’extrusion, le perçage, l’assemblage…

Voici quelques tutos proposés par les développeurs : https://vimeo.com/doodle3d

Pour permettre à chacun d’imprimer quelques créations lors de l’atelier, je donne pour limite de ne pas dépasser 3mm… vient ensuite le temps des négociations au cas pas cas 😉

L’atout de ce logiciel est que quiconque peut ressortir d’un premier atelier d’initiation à l’impression 3D avec un, voire plusieurs objets « c’est moi qui l’ai fait ! ».

Cura by Dagoma

Cura by Dagoma, est une version simplifiée du slicer Cura, destinée à fonctionner avec toutes les imprimantes Dagoma.

Le fichier en STL exporté depuis Doodle3D est ouvert dans Cura by Dagoma pour en préparer l’impression.

Les réglages peuvent commencer :

  • Le remplissage : 3 options uniquement (0 %, 17 % et 33%)
  • La qualité d’impression : 3 options (0,20mm, 0,15mm, 0,10mm)
  • L’option de support
  • et enfin l’amélioration de la surface d’impression avec la jupe, la bordure et le radeau. Et c’est tout !

Pas de quoi se perdre.

Un dernier défi pour permettre à tous d’imprimer pendant la séance : « ne pas dépasser 10 minutes d’impression ! »

C’est le moment de jouer sur les paramètres d’impression et de redimensionnement et, étonnamment, ils comprennent très vite comment arriver à optimiser les réglages pour avoir la pièce la plus grande possible avec le moins de temps d’impression !

Un temps facile à voir car le logiciel slice automatiquement à chaque modification d’option et affiche immédiatement le temps d’impression ainsi que la quantité de fil et le coût correspondant, de quoi rendre bien conscient du consommable utilisé en fonction des différents réglages.

On veut aller plus loin, on peut programmer une pause pour changer la couleur de fil : WOUAH !

Imprimante Sigma – Dagoma

On finit ce parcours simplifié par l’utilisation d’une imprimante simplifiée : une carte SD et un seul bouton sur lequel appuyer !

Dès la première fois, un débutant peut insérer sa carte et lancer son impression.

Un seul risque : rester appuyer trop longtemps sur le bouton et provoquer le retrait du fil… l’occasion d’apprendre à le charger ensuite !

Voilà un parcours dont je suis particulièrement satisfaite qui me permet de travailler avec des jeunes collégiens, dès 10-11 ans, qui deviennent très vite autonomes, mais également avec des groupes hétérogènes, ados et adultes.

Observation : après 4 séances avec des groupes différents, j’ai rencontré des jeunes ou des adultes qui ont demandé à aller plus loin dès la première séance.

Je leur ai proposé de travailler sur Tinkercad et l’appropriation s’est faite sans aucune difficulté après quelques explications très sommaires sur les notions de solide, perçage et regroupement. Ci-dessus un dé conçu par un jeune de 12 ans, dès la première séance.

Voilà de quoi bien débuter, prendre confiance et progresser vers des logiciels plus complexes, tranquillement.

L’impression 3D n’a jamais été aussi proche d’être « un jeu d’enfant », tout en exécutant toutes les étapes, « comme un pro »!

Anne LOUVARD, apprenante du Diplôme Universitaire Fabmanager, technique de facilitation et de fabrication numérique, promo #15.

Le dérèglement climatique et l’épuisement programmé des ressources naturelles traversent les fablabs au même titre que toute la société. Dans quelle mesure le développement des fablabs est compatible avec les objectifs de réduction de gaz à effets de serre fixés par l’Accord de Paris ? En quoi les fablabs peuvent être acteurs de la transition écologique ? L’article suivant tente d’esquisser quelques pistes.

Réduire l’empreinte environnementale du lieu

Les fablabs, comme toutes autres structures, peuvent mettre en place des bonnes pratiques de gestion de leur lieu, afin de réduire leur impact environnemental.

Optimiser l’utilisation des ressources et de l’énergie

L’impact environnemental le plus conséquent d’un bâtiment se situe au moment de sa construction : la quantité d’énergie nécessaire, les matériaux, le transport… De ce point de vue, le modèle de nombre de fablabs, comme de nombreux tiers-lieux, est vertueux : le fait d’investir ou de réinvestir des friches, des anciens bâtiments industriels, des locaux inutilisés, permet de réduire très fortement l’empreinte carbone du lieu sur l’ensemble de son cycle de vie. Le fait d’occuper des bâtiments existants permet aussi de limiter le phénomène dit d’“artificialisation des sols”. Quand bien même ces bâtiments sont souvent moins bien isolés que des bâtiments neufs et vont donc nécessiter plus de fluides pour être chauffés ou climatisés, la “facture” énergétique globale du bâtiment restera forcément moindre que sur un bâtiment neuf.

Cycle de vie du bâtiment – source : XPair

En parallèle de cela, un effort particulier peut être mené pour limiter l’utilisation des ressources telles que l’eau, l’électricité et, surtout, le gaz (pour le chauffage). Le gaz étant une énergie fossile fortement émettrice de gaz à effet de serre. Il existe de ce point de vue plusieurs leviers d’action : limiter les températures de chauffe à 19°C, sensibiliser les utilisateurs à une consommation raisonnable des ressources à disposition (mise en veille des ordinateurs et extinction des machines après usage, extinction automatique des éclairages, installation d’éclairages LED…).

Améliorer le tri des déchets et la gestion du recyclage

Autre aspect crucial de la réduction de l’impact écologique des fablabs : la gestion des déchets. Tout d’abord, au même titre que tout autre lieu tertiaire, il est pertinent de mettre en place un tri des déchets avec des poubelles de déchets ménagers et de recyclables séparés. Bien souvent, les sociétés prestataires de ménage ne respectent pas ce tri. La gestion des déchets recyclables revenant alors aux utilisateurs. Il faudra par ailleurs sensibiliser continuellement les utilisateurs du lieu au respect des règles de tri. Un compostage ou lombricompostage peut aussi être mis en place quand les espaces le permettent.

Les fablabs génèrent par ailleurs une grande variété de déchets “spécifiques”, allant des restes de matériaux (plastiques, bois, métaux, etc.) aux produits électroniques usagés. Pour limiter leur empreinte écologique, les fablabs doivent mettre en place un système de tri sélectif précis.

Enfin, l’achat de nouvelles machines (imprimantes 3D, traceuses…) a un coût environnemental significatif, notamment en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Comme pour le bâtiment, la grande majorité de l’empreinte carbone d’une machine provient de sa fabrication. C’est pour cette raison que, pour prendre un exemple issu d’un autre domaine, l’achat d’une yaourtière neuve s’avère contre-productif si l’objectif est de produire moins de déchets : la quantité de matières et d’énergie grise nécessaire à sa fabrication dépassera très certainement la quantité de pots de yaourts non jetés à la poubelle grâce à elle. La culture de récupération et de réemploi des machines est donc un vrai atout pour limiter l’impact environnemental des fablabs.

Le réemploi des matériaux

Par ailleurs, le meilleur déchet est toujours celui que l’on ne produit pas. Il faudra donc favoriser autant que possible la récupération de matériaux (réutilisation des chutes de bois, recherche de filières et d’entreprises acceptant de donner leurs surplus et leurs chutes…). Le fablab La Verrière (Montreuil) a beaucoup travaillé sur ce sujet :

Source : https://fablab-laverriere.org/rd-materiaux/

Ce réemploi pourra être utilisé pour la construction de meubles, la fabrication de prototypes ou encore la réalisation de petits objets. Cette approche participant ainsi de l’économie circulaire.

Les fablabs comme lieux d’éducation et de sensibilisation

Ateliers de réparation et de réemploi

Au-delà des seules bonnes pratiques qui pourront être adoptées dans la gestion du lieu, les fablabs peuvent jouer un rôle fondamental en matière de sensibilisation aux enjeux écologiques. En tant que lieux d’éducation, ils offrent un cadre idéal pour organiser des ateliers sur la réparation, le réemploi et le zéro déchet.

Les Repair Cafés, Vélos, Couture, où les participants peuvent venir réparer leurs objets font partie de ces initiatives qui contribuent à réduire la consommation de biens neufs et à promouvoir la durabilité.

Les fablabs peuvent aussi organiser des ateliers autour du zéro déchet (ateliers de création de Bee wraps, de produits cosmétiques maison…), des fresques du climat, des fresques du numérique… Et, globalement, questionner toutes nos pratiques de consommation.

Encourager la réparation au lieu de la consommation

Enfin, lapalissade, les fablabs sont par essence des lieux où l’on réemploie et l’on répare. Que ce soit pour réparer des meubles, des appareils électroniques, du textile. Un meilleur maillage du territoire et une meilleure identification des fablabs auprès du grand public permettrait d’avoir un impact environnemental plus significatif.

Attention à l’effet rebond

Cependant, il est important de souligner un phénomène auquel les fablabs n’échappent pas : l’effet rebond. L’introduction d’une nouvelle technologie ou d’un nouveau service conduit souvent à une augmentation de la consommation énergétique même s’il était pensé en amont comme une opportunité d’un point de vue environnemental. Un exemple simple ? Le vélo électrique. Il constitue en soi une formidable opportunité pour les consommateurs de remplacer l’achat ou l’utilisation d’un véhicule thermique par un mode de déplacement plus économe en énergie. C’est le choix fait par de nombreux utilisateurs. Le souci est que la démocratisation du vélo électrique s’est aussi faite avec le remplacement de trajets en vélo classique par des trajets en vélo électrique. Dans ce cas, l’impact de cette transformation est donc négatif en termes d’émission de G.E.S.

Dans le cas des fablabs, le développement de la culture de la réparation se fait parfois, dans certains lieux, en parallèle d’une pratique de consommation accrue. Les fablabs sont en effet, eux aussi, émetteurs de gaz à effet de serre et peuvent favoriser une certaine forme de consommation.

Conclusion

Les fablabs jouent donc un rôle important dans la transition écologique, non seulement en adoptant des pratiques internes de réduction de leur impact environnemental, mais aussi en sensibilisant le public aux enjeux du dérèglement climatique. En favorisant la réparation, le réemploi et le recyclage. Toutefois, il est essentiel de prendre en compte l’effet rebond généré par la consommation de nouvelles ressources et de veiller à ce que la démocratisation de l’accès à la fabrication ne contribue pas paradoxalement à augmenter la consommation et la production de déchets.

–> Pour aller plus loin, consulter Le guide des pratiques écologiques dans les labs réalisé par RFFlabs

Simon LEBRETTE
apprenant du Diplôme Universitaire Fabmanager, technique de facilitation et de fabrication numérique, promo #15

L’éloge du carburateur de Matthew B. Crawford est sans doute l’équivalent pour les makers de ce qu’est « la recherche” de Marcel Proust pour les chercheurs en littérature : le livre dont on doit savoir parler sans nécessairement l’avoir lu.

Pourquoi donc s’imposer cela…

L’Eloge du carburateur fait partie des très nombreux livres qui traînent dans mes étagères depuis de nombreuses années sans que je ne les ai encore lus. J’ai en effet pour habitude d’acheter périodiquement de très nombreux livres et de n’en lire qu’une infime proportion. Alors, pourquoi lire ce livre aujourd’hui ? Pour des raisons d’utilité professionnelle, certes. Mais aussi parce que je suis beaucoup plus habité depuis quelques années par la nécessité de donner du sens à ce que je fais et de vérifier que ce qui m’occupe professionnellement est en phase avec des valeurs que je sais nommer.

Pour commencer cette lecture, il fallait d’abord que je dépasse une certaine réticence de ma part : j’observe toujours avec un regard narquois ces nouveaux artisans, nouveaux agriculteurs, que l’on nous montre régulièrement dans les journaux télévisés. C’est d’ailleurs devenu un jeu : j’attends avec impatience et gourmandise le moment où l’interview de tel potier nouvellement installé dans le Luberon nous révèlera qu’il a choisi de quitter son poste dans la finance pour retrouver le goût des vraies choses. En commençant la lecture d’Eloge du carburateur, j’ai oublié rapidement mes réserves face à l’acuité des constats posés par Matthew B. Crawford et l’intelligence de son propos. Et pourtant, Matthew B. Crawford semblait correspondre parfaitement au profil si l’on en croit le résumé proposé par l’éditeur sur la quatrième de couverture : “Matthew B. Crawford était un brillant universitaire, bien payé pour travailler dans un think tank à Washington. Au bout de quelques mois, déprimé, il démissionne pour ouvrir… un atelier de réparation de motos”. En lisant le livre, on découvre rapidement que, certes, l’auteur se destinait à l’autoroute du système capitalistique mais que, dès ses plus jeunes années, il a dû cumuler divers emplois (d’électricien notamment) et des études en parallèle.

Tout le propos de l’auteur est, à partir du récit de sa propre expérience, de : questionner le sens et la valeur du travail ; et le relatif dédain que l’on a à l’égard des métiers manuels et à ceux qui les exercent. Il cherche par ailleurs à démontrer en quoi, dans une société de la consommation où l’on achète, jette et remplace, le fait de garder un contact avec le monde matériel reste plus que jamais une nécessité.

Pourquoi différencier faire et penser ?

Une première partie de l’ouvrage cherche les origines du relatif mépris que l’on observe depuis le XXème siècle à l’égard des métiers manuels. Crawford cite notamment The mind at work de Mike Rose “Nos éloges du travail manuel renvoient le plus souvent aux valeurs qu’il est censé incarner et non pas à l’effort de pensée qu’il requiert”.

Du point de vue de Crawford, cette vision résulte d’un effort délibéré du système capitaliste, qui s’est mis en place de manière progressive dans le système éducatif américain et dans les entreprises. Le taylorisme et le fordisme, en segmentant les opérations d’une chaîne de production, ont permis certes de gagner en productivité, mais ils ont eu aussi pour conséquence (voire pour raisons selon l’auteur) de démettre l’ouvrier de toute autonomie et de toute possibilité de penser et de développer des compétences. Le management scientifique a en effet pour but d’opérer une quasi-robotisation des ouvriers dont les tâches très limitées requièrent peu de compétences et donnent très peu de libertés. Tout le pouvoir étant transféré aux employeurs chargés de mettre en place les procédures et de s’assurer qu’elles sont respectées à la lettre. Cette nouvelle manière de travailler retire donc toute richesse cognitive au travail qui est réalisé. Selon l’auteur, ce processus, d’abord à l’œuvre dans l’industrie, s’est étendu par la suite au tertiaire et le développement de l’IA (que n’évoque pas l’auteur du fait de la date de publication de l’ouvrage) ne fera que parfaire ce processus.

Pourquoi les makers voient ce livre comme un très beau miroir ?

Au-delà des considérations sur ce que le capitalisme fait au monde du travail, le carburateur est très inspirant pour toute personne qui découvre le monde des makers. Crawford détaille au fil des pages des valeurs très structurantes pour les labs. On y retrouve notamment la “sainte trinité” des fablabs : l’utilité de l’apprentissage de pair à pair, par essais/erreurs et, évidemment, par le faire. Il détaille avec brio toute la richesse cognitive qu’implique une tâche manuelle et les nombreuses vertus morales qu’elle présente.

Tout d’abord, il souligne la perte de prise avec le monde réel qu’implique le développement croissant des “nouvelles technologies”. Or, selon lui, accomplir une tâche manuelle complexe, c’est une manière parfaite de sortir de soi-même et d’être présent au monde. Il faut observer, être recentré sur sa tâche, analyser et in fine agir.

Accomplir une tâche manuelle, c’est aussi une manière parfaite de critiquer le rapport au temps dans nos sociétés contemporaines. Paradoxalement, dans les sociétés occidentales, nous n’avons jamais disposé d’autant temps libre et nous avons pourtant le sentiment que celui-ci nous manque continuellement. Or, prendre le temps de réparer, c’est selon lui, une manière parmi d’autres de faire un pied de nez à ce sentiment d’urgence. C’est faire un choix qui n’est pas porté par un paradigme d’efficacité mais plutôt par celui de se donner du temps, de ralentir et, accessoirement, c’est souvent choisir une option plus écologique qu’un simple rachat de matériel.

Crawford est aussi critique à propos de la complexification constante du monde. Nous sommes de plus en plus entourés de technologies dont nous ne comprenons même pas les maillons essentiels. C’est par exemple le cas de la mécanique quantique. Et, à côté de cela, les industriels déploient des efforts constants pour rendre les interfaces qui nous mettent en contact avec ces machines ergonomiques et intuitives. Crawford, que l’on pourra peut-être qualifier d’esprit chagrin, considère face à cela “ que l’interface informatique ajoute une couche d’abstraction supplémentaire en dissimulant la logique humaine du programme qui régit le logiciel”. “L’interface […] prétend garantir le minimum de friction psychique entre l’intention de l’usager et sa réalisation”. Or, selon l’auteur, c’est justement ce type de résistance qui aiguise la conscience de la réalité. Le podcast Le code a changé de Xavier Delaporte avait dédié un épisode à ce sujet suite à la parution du livre Eloge du bug du philosophe Marcello Vitali Rosati.

Voici, parmi d’autres réflexions toutes aussi passionnantes, une partie des apports que la lecture de ce livre brillant pourra apporter à son lecteur.

Simon LEBRETTE
apprenant du Diplôme Universitaire Fabmanager, technique de facilitation et de fabrication numérique, promo #15

Voilà une de ces expériences qui ne laissent pas indifférent ! Visiter un Lab… bien que chacun soit différent, on y retrouve beaucoup de points communs et rapidement on identifie bien chaque espace. Mais à l’Electrolab, on passe à une autre échelle… c’est WOW !

J’ai visité le lieu un mardi soir, accueillie chaleureusement et guidée par Cécile, chargée de la communauté. Elle nous a fait découvrir les espaces et les recoins, les machines et les composants en veux-tu en voilà… avec passion et enthousiasme. Deux heures, parce qu’il faut au moins ça pour faire le tour du propriétaire, pour seulement appréhender du regard la richesse de ce site, découpé en plusieurs zones (https://www.electrolab.fr/le-lab/les-zones/), ici la zone « projets ».

À l’Electrolab, se cotoient la modernité et l’innovation avec les antiquités et les dinosaures industriels, mais aussi le gigantisme de certaines machines et le miniaturisme des composants électroniques stockés dans des quantités à en perdre la raison dans des tiroirs et des placards à n’en plus finir.

On touche du doigt l’héritage d’un patrimoine tant dans le matériel mis à disposition que dans la connaissance que tous les membres sont prêts à partager… mais surtout l’effervescence de la création et de l’ouvrage en cours qui suscite la curiosité du visiteur qui, comme moi, voudrait bien savoir ce que cela va devenir !

Après deux heures de visite « consistante », j’en ai eu tellement plein les yeux qu’il m’a fallu 2-3 jours pour digérer tout cela. Et même si j’y ai réellement ressenti une forme de vertige dû à la quantité, je reconnais que ce vertige est aussi lié à toute l’agitation de ce que ce lieu a produit sur moi en stimulant tellement d’idées et de champs du possible.

Il est certain que j’y retournerai, également pour le faire découvrir à mes proches, peut-être en commençant par un des nombreux ateliers proposés chaque semaine, histoire de prendre quelque peu mes marques dans ces « 1500m2 pour apprendre et inventer @ Nanterre ».

Si vous aussi, vous voulez profiter d’un visite de l’Electrolab, c’est tous les mardis soirs à 20h, merci de prévenir de votre venue en envoyant un mail à contact@electrolab.fr

Hackerspace @Nanterre
52 Rue Paul Lescop, 92000 Nanterre
contact@electrolab.fr
01 83 80 11 50

Anne LOUVARD, apprenante du Diplôme Universitaire Fabmanager, technique de facilitation et de fabrication numérique, promo #15.

J’ai récemment participé à un atelier de création de moules à chocolat pendant mon stage au Fablab de Taverny. Cet atelier a été proposé à l’occasion d’Halloween, les moules avaient donc des formes terrifiantes. Je vous propose de découvrir les différentes étapes de réalisations.

Étape 1 : Sculpter de la pâte à sel

La première étape est de préparer la pâte à sel : je réalise ma pâte avec 1 verre de sel fin, 2 verres de farine blanche et 1 verre d’eau. Une fois bien mélangé, j’ai commencé à la sculpter.

Pour m’aider, j’ai utilisé plusieurs ustensiles tels qu’un couteau ou un verre pour aplatir. Mais aussi de la farine, pour éviter que la pâte ne colle trop. J’ai utilisé du papier à four comme support afin d’éviter les soucis de décollage. La pâte colle et on peut très vite la déformer par accident.

Enfin, on réalise un petit passage au micro-ondes pour durcir la sculpture !

Étape 2 : Utiliser la Thermoformeuse

Qu’est-ce qu’une thermoformeuse ? C’est une machine permettant de chauffer un matériau pour le ramollir (plastique ou autre…) et lui faire prendre une forme particulière. En refroidissant, le matériau durcit et garde la forme voulue.

J’allume la machine. Une fois la température atteinte, il faut prendre une planche de plastique et décoller le côté qui sera en contact avec l’objet.

  • On positionne la feuille à plat.
  • On la bloque avec les deux accroches jaunes de part et d’autre de la machine
  • On attend quelques minutes que la feuille chauffe, elle commence à se courber
  • On rabaisse ensuite les poignées sur les objets
  • ET on active l’aspirateur qui va faire un appel d’air autour

On décolle ensuite le moule. Deux solutions se proposent à nous :

  1. Attendre que le plastique refroidisse, cependant la pâte à sel sera plus dure à décrocher
  2. Ne pas attendre et prendre la feuille encore chaude, puis la mettre à plat afin quelle ne soit pas déformée. Il faut faire attention à ne pas se brûler !

Étape 3 : Faire fondre du chocolat

Une fois votre moule bien refroidi, il est temps de préparer le chocolat. Dans une casserole, nous avons fait fondre du chocolat avec du beurre et plusieurs types de chocolats (noir, au lait, blanc…) ont été proposés pour que cela soit convivial.

A l’aide d’une spatule, j’ai déposé le chocolat dans les moules et j’ai mis le tout au frigo afin que ça refroidisse. Et voilà, les chocolats sculptés sont prêts !

Pauline MICHEL
apprenante du Diplôme Universitaire Fabmanager, technique de facilitation et de fabrication numérique, promo #15

Une Micro-folie est un espace numérique qui offre aux visiteurs la possibilité de découvrir l’art gratuitement. Apprenante au DU Fabmanager et Coordinatrice des ressources numériques de la bibliothèque Albert Camus à Éragny-Sur-Oise. Elle nous raconte dans cet article comment se déploie le dispositif de micro-folie de son établissement.

LES ACTIVITÉS EN ACCES LIBRE

Les personnes s’approchent des tablettes, tournent autour, mais n’osent pas tout de suite s’installer ! Très souvent ils viennent nous voir et nous demande « Est-ce qu’on peut essayer ? ». Je vais donc tout de suite à leur rencontre en expliquant le dispositif lorsque je vois des regards intrigués.

Dans un premier temps, je leur demande s’ils connaissent. Si non, je les invite à s’installer et je les accompagne sur le fonctionnement. Une œuvre les intéresse à l’écran ? Il leur suffit d’appuyer sur l’icône cœur de la tablette pour avoir des informations.

Le public jeunes est également très présent et en redemande tout au long de la semaine. Les enfants se sont vite attachés à la Micro-Folie notamment avec l’ensemble des mini-jeux qui les stimulent et leur permettent de découvrir les œuvres d’art de manière ludique (puzzle, memory, taquin, coloriages…). L’accès aux tablettes est encadré de façon à ce que les utilisateurs puissent découvrir l’art dans de bonnes conditions.

LES ACTIVITÉS ORGANISÉES

Tous les mois, nous avons une animation appelée « Les cercles d’art » où nous proposons l’analyse d’œuvres et la présentation d’artistes tels que Francis Bacon ou Gustave Courbet. La plateforme Micro-folie propose un mode « conférence » qui permet de sélectionner un ensemble d’œuvres.

Nous avons des cours de français tous les samedis dont l’objectif est de présenter des œuvres pour ensuite apprendre du vocabulaire. Par exemple, travailler sur les émotions via des portraits et ainsi allier apprentissage de la langue et découverte culturelle. Ce type d’atelier peut même aboutir à l’organisation de sorties au musée.

L’année dernière, j’ai accompagné un groupe d’une dizaine de personnes au musée du Judaïsme. Une médiation avait été faite en amont et les usagers ont pu voir en vrai ce qu’ils avaient vu via le musée numérique. La Micro-folie, dans ce cas-là, est une vraie passerelle vers l’art.

Tout au long de l’année, l’espace du musée numérique nous permet d’installer des expositions directement sur place. La structure Micro-folie nous permet d’avoir des projecteurs et du matériel son de qualité.

Par exemple, nous avons réalisé une exposition sur le jeu vidéo « Seasons After Fall » avec des croquis de personnages et de décors. Il y a également des mini-vidéos de la conception du jeu (dessins accélérés, logiciels, prototypes) ainsi que le jeu en accès libre sur le grand écran pour les utilisateurs ! Cette exposition a d’ailleurs abouti à la venue des créateurs eux-mêmes pour un temps d’échange avec le public de la bibliothèque.

Pauline MICHEL
apprenante du Diplôme Universitaire Fabmanager, technique de facilitation et de fabrication numérique, promo #15