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Le dérèglement climatique et l’épuisement programmé des ressources naturelles traversent les fablabs au même titre que toute la société. Dans quelle mesure le développement des fablabs est compatible avec les objectifs de réduction de gaz à effets de serre fixés par l’Accord de Paris ? En quoi les fablabs peuvent être acteurs de la transition écologique ? L’article suivant tente d’esquisser quelques pistes.

Réduire l’empreinte environnementale du lieu

Les fablabs, comme toutes autres structures, peuvent mettre en place des bonnes pratiques de gestion de leur lieu, afin de réduire leur impact environnemental.

Optimiser l’utilisation des ressources et de l’énergie

L’impact environnemental le plus conséquent d’un bâtiment se situe au moment de sa construction : la quantité d’énergie nécessaire, les matériaux, le transport… De ce point de vue, le modèle de nombre de fablabs, comme de nombreux tiers-lieux, est vertueux : le fait d’investir ou de réinvestir des friches, des anciens bâtiments industriels, des locaux inutilisés, permet de réduire très fortement l’empreinte carbone du lieu sur l’ensemble de son cycle de vie. Le fait d’occuper des bâtiments existants permet aussi de limiter le phénomène dit d’“artificialisation des sols”. Quand bien même ces bâtiments sont souvent moins bien isolés que des bâtiments neufs et vont donc nécessiter plus de fluides pour être chauffés ou climatisés, la “facture” énergétique globale du bâtiment restera forcément moindre que sur un bâtiment neuf.

Cycle de vie du bâtiment – source : XPair

En parallèle de cela, un effort particulier peut être mené pour limiter l’utilisation des ressources telles que l’eau, l’électricité et, surtout, le gaz (pour le chauffage). Le gaz étant une énergie fossile fortement émettrice de gaz à effet de serre. Il existe de ce point de vue plusieurs leviers d’action : limiter les températures de chauffe à 19°C, sensibiliser les utilisateurs à une consommation raisonnable des ressources à disposition (mise en veille des ordinateurs et extinction des machines après usage, extinction automatique des éclairages, installation d’éclairages LED…).

Améliorer le tri des déchets et la gestion du recyclage

Autre aspect crucial de la réduction de l’impact écologique des fablabs : la gestion des déchets. Tout d’abord, au même titre que tout autre lieu tertiaire, il est pertinent de mettre en place un tri des déchets avec des poubelles de déchets ménagers et de recyclables séparés. Bien souvent, les sociétés prestataires de ménage ne respectent pas ce tri. La gestion des déchets recyclables revenant alors aux utilisateurs. Il faudra par ailleurs sensibiliser continuellement les utilisateurs du lieu au respect des règles de tri. Un compostage ou lombricompostage peut aussi être mis en place quand les espaces le permettent.

Les fablabs génèrent par ailleurs une grande variété de déchets “spécifiques”, allant des restes de matériaux (plastiques, bois, métaux, etc.) aux produits électroniques usagés. Pour limiter leur empreinte écologique, les fablabs doivent mettre en place un système de tri sélectif précis.

Enfin, l’achat de nouvelles machines (imprimantes 3D, traceuses…) a un coût environnemental significatif, notamment en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Comme pour le bâtiment, la grande majorité de l’empreinte carbone d’une machine provient de sa fabrication. C’est pour cette raison que, pour prendre un exemple issu d’un autre domaine, l’achat d’une yaourtière neuve s’avère contre-productif si l’objectif est de produire moins de déchets : la quantité de matières et d’énergie grise nécessaire à sa fabrication dépassera très certainement la quantité de pots de yaourts non jetés à la poubelle grâce à elle. La culture de récupération et de réemploi des machines est donc un vrai atout pour limiter l’impact environnemental des fablabs.

Le réemploi des matériaux

Par ailleurs, le meilleur déchet est toujours celui que l’on ne produit pas. Il faudra donc favoriser autant que possible la récupération de matériaux (réutilisation des chutes de bois, recherche de filières et d’entreprises acceptant de donner leurs surplus et leurs chutes…). Le fablab La Verrière (Montreuil) a beaucoup travaillé sur ce sujet :

Source : https://fablab-laverriere.org/rd-materiaux/

Ce réemploi pourra être utilisé pour la construction de meubles, la fabrication de prototypes ou encore la réalisation de petits objets. Cette approche participant ainsi de l’économie circulaire.

Les fablabs comme lieux d’éducation et de sensibilisation

Ateliers de réparation et de réemploi

Au-delà des seules bonnes pratiques qui pourront être adoptées dans la gestion du lieu, les fablabs peuvent jouer un rôle fondamental en matière de sensibilisation aux enjeux écologiques. En tant que lieux d’éducation, ils offrent un cadre idéal pour organiser des ateliers sur la réparation, le réemploi et le zéro déchet.

Les Repair Cafés, Vélos, Couture, où les participants peuvent venir réparer leurs objets font partie de ces initiatives qui contribuent à réduire la consommation de biens neufs et à promouvoir la durabilité.

Les fablabs peuvent aussi organiser des ateliers autour du zéro déchet (ateliers de création de Bee wraps, de produits cosmétiques maison…), des fresques du climat, des fresques du numérique… Et, globalement, questionner toutes nos pratiques de consommation.

Encourager la réparation au lieu de la consommation

Enfin, lapalissade, les fablabs sont par essence des lieux où l’on réemploie et l’on répare. Que ce soit pour réparer des meubles, des appareils électroniques, du textile. Un meilleur maillage du territoire et une meilleure identification des fablabs auprès du grand public permettrait d’avoir un impact environnemental plus significatif.

Attention à l’effet rebond

Cependant, il est important de souligner un phénomène auquel les fablabs n’échappent pas : l’effet rebond. L’introduction d’une nouvelle technologie ou d’un nouveau service conduit souvent à une augmentation de la consommation énergétique même s’il était pensé en amont comme une opportunité d’un point de vue environnemental. Un exemple simple ? Le vélo électrique. Il constitue en soi une formidable opportunité pour les consommateurs de remplacer l’achat ou l’utilisation d’un véhicule thermique par un mode de déplacement plus économe en énergie. C’est le choix fait par de nombreux utilisateurs. Le souci est que la démocratisation du vélo électrique s’est aussi faite avec le remplacement de trajets en vélo classique par des trajets en vélo électrique. Dans ce cas, l’impact de cette transformation est donc négatif en termes d’émission de G.E.S.

Dans le cas des fablabs, le développement de la culture de la réparation se fait parfois, dans certains lieux, en parallèle d’une pratique de consommation accrue. Les fablabs sont en effet, eux aussi, émetteurs de gaz à effet de serre et peuvent favoriser une certaine forme de consommation.

Conclusion

Les fablabs jouent donc un rôle important dans la transition écologique, non seulement en adoptant des pratiques internes de réduction de leur impact environnemental, mais aussi en sensibilisant le public aux enjeux du dérèglement climatique. En favorisant la réparation, le réemploi et le recyclage. Toutefois, il est essentiel de prendre en compte l’effet rebond généré par la consommation de nouvelles ressources et de veiller à ce que la démocratisation de l’accès à la fabrication ne contribue pas paradoxalement à augmenter la consommation et la production de déchets.

–> Pour aller plus loin, consulter Le guide des pratiques écologiques dans les labs réalisé par RFFlabs

Simon LEBRETTE
apprenant du Diplôme Universitaire Fabmanager, technique de facilitation et de fabrication numérique, promo #15

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